Mémoire d'Atlante
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
Frederick Waugh "Le chevalier du Graal"
https://americanart.si.edu/artwork/knight-holy-grail-26870
Au fort des murailles ensevelies par presque mille printemps,
J'ai vu tant de mousses verdir les années sans dommage,
Qu'au sermon pris telle l'offrande, j'ai dessiné le temps
De sa mine de graphite, aiguisée aux écrits des sages.
Des rides du pré jauni, sous la sécheresse estivale,
J'ai reconnu la branche vivante sur la sève de l'arbre en détresse,
Combien de siècles faudra-t-il, pour élaguer une brindille pâle,
Aux hommes d'orgueil sans mesure, et croître leur liesse ?
La pluie ravinait les flancs de colline, ternis de mensonges lourds,
Quand sous le nuage parfumé de rose, je vis le voile des Atlantes.
Le voile levé, je vis trois soleils tomber, fin message aux hommes sourds,
Dans le vaste océan des ténèbres, aux âmes terrifiées et dormantes.
Des flots montants, je demandai aux âmes belles de me suivre,
Dans le ciel, nous sommes envolées pour une belle terre fraternelle,
Que l'espace offrit à nos sagesses, avant l'avènement qui délivre ;
Le doux rayon qui adombra nos vies, bien avant l'heure éternelle.
Quand l'heure sombre s'acheva, un ange apparut tout de blanc vêtu ;
Aux marches du temple solaire montra la clarté du ciel revenu sur les eaux,
Monta avec moi le grand escalier tout de marbre céleste revêtu ;
Quand parvenus à son faîte, il me dit de regarder l'en-bas et l'en-haut.
De l'en-bas, je vis un gouffre fourvoyé de douleurs au serpent ;
De l'en-haut je vis un temple de lumière étincelante de drapés irisés ,
Sur une colline hors de tous âges, Il était là à montrer les arpents
Que ma foi devait franchir de lumière et de doutes aux voix croisées.
Au chemin des roses sous l'embellie des lys et des jasmins parfumés,
J'entendis sa voix me dire "Quand tu auras franchi la vallée de la peur,
Va libre sur la colline du temple, Il t'attend. C'est un combat d'initié !
Tu souffriras tout ce que esprit endure en franchissant cette terreur."
Je sus qu'entre l'initié antique aux Atlantes dévoyés et ceux sauvés,
Un mystère avait fait son entrée pour rebâtir l'initiation ancienne.
Aux roses sous les épines à choisir, il faut un chemin de plaies pansées,
Aux épines sous les pieds, j'ai vu le Graal des marches zoroastriennes.
Alors que les fleurs au sortir des vents de tempête fleurissaient,
Sous le voile de Saïs que nul ne doit lever avant l'heure,
J'ai vu la Lilith sur le sarment que les fleurs repoussaient
Et au levant du Temple me suis éveillée, loin de la mémoire des pleurs .
Adagio d'Albinoni