Le lac de Bertâne
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentairePhotos personnelles
Abritée sous les arbres des hommes de lésine
que les oiseaux aiment prendre comme témoins,
je me souviens de ton vert et profond silence,
de tes belles ombres au soir rougeoyant
quand m'emportaient de grâces,
assise sur tes rochers, fleurant tes roses,
tes berges à mes yeux qu'en poète j'aimais.
Te souviens-tu de tes miroirs aux ombres projetées
quand me mirant en ton visage presque sauvage
Tu me disais être le lac des obsidiennes,
le péridot agrafé à mes boucles ondoyantes
quand de ta parure d'eau, tu me dessinais d'oracles ?
Cluses centenaires appelaient mon souvenir.
M'as-tu enchantée de tes vagues tranquilles
que mes empreintes encore se souviennent,
glorifiant le long sacre de tes inspirations,
que promeneurs n'entendaient point.
Je te contemplais de cette inouïe candeur
qui tout donne à croire humblement
que la beauté du monde est sûreté et abri.
Il n'y avait sur ta peau aucun cygne te caressant.
Quelques poules d'eau fouettaient tes ondes ;
et des ronds de battements de gardons
battaient le fond jusqu'à la remontée des goujons.
J'attendais là qu'apparaissent les ailes blanches
sans que jamais je ne les vis venir te caresser.
Quand un soir, assise sur ton flanc ceint de cailloux
sous le ciel des sommets enneigés que combes adorent,
et que cluses témoignent en tes falaises colorées,
ma timidité empourprée, cachée de tes bras larges,
comme autant d'ailes d'oiseaux venues me bercer,
abritait mille mots sur tes roulis battus par les éclairs.
Mon esprit balayait d'un trait de verdure garancée rouge
tout l'envol des oiseaux que la vie bat de plumes effilées.
Craintive au vol des cygnes sauvages en voyage,
marchant les mains croisées sur les reins,
Je te chantais tout l'amour qu' homme peut
quand de joie il se fait autel face à ton visage divin.
Je t'abreuvais autant que tu me donnais à boire.
La corne d'abondance pleine de tes fruits qu'eau révèle,
Tu étais lac, j'étais source ; tu étais le miroir des monts,
et tu me pris pour fiancée.
Quand tu glissas tes étoiles à mon annulaire
et que le péridot grandit de sagesse,
advinrent du fond des eaux les grands oiseaux blancs
que le cœur du lac engendra de rêves opales.
J'entendis le doux nom d'Herzéloîde,
sans te comprendre, le chagrin lourd,
Je partis alors vers d'autres monts, Dornach.
Ce poème fut écrit il y a de nombreuses années en arrière et est resté inachevé.
Pastel sec " le lac de Nantua" ou lac de Bertâne de son nom ancien.