Quand nuit s'agite
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaireTableau de Jean François Millet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Millet
http://www.manchetourisme.com/maison-natale-jean-francois-millet-a-la-hague/pcunor050fs00107
Quel est donc ce soudain malaise grandissant,
depuis cette triste éclipse encombrant mon âme ?
Le jour s'est tu ; blizzard a soufflé, oppressant,
rosiers ont plié ; éclairs ont nourri le drame.
L'herbe s'est alitée, battue d'air en colère ;
les limbes n'ont plus ouvragé leur témoignage ;
les pierres ont roulé ; et a pleuré la rivière...
Courroux et véhémence ont plié les feuillages.
Plus rien du monde et des roses ne témoigne
ce que la rose atteste, quand l'homme comparait.
Au tribunal de ses pensées, mutées empoignes,
le soir s'agite laissant voir ses furies de lait.
Pénombre livide, obscurcissement du monde !
Quel bal indécent à mon regard s'est joué,
quand arrachées des ténèbres, valsent d'immondes
pensées, jetées en pâture au monde échoué ?
Le jardin avait, au matin, perdu son innocence.
La fleur s'est mise à craindre qu'homme point ne s'éveille,
et son joyau de pétales perdu d'ignorance
se pend de peur à mon cou avec l'abeille.
L'éveil vif, l'âme vigile, pour qu'une nuit terne
et moite ne vole pas ses robes blanches,
j'ai vu le temps bouleversé, et son voile en berne,
revenue au jardin, j'ai relèvé les branches.
Peine n'a cessé de croître dans la conscience.
Aux affres si téméraires qui m'endeuillent,
jusqu'à l'élan du chant que révèle la science,
j'entends mars dans la nuit tempêter ses deuils.
L'émoi, aux roses, depuis toujours, obédience,
a alors éclairé mon cierge et mon cercueil.
Novalis est venu clamer son alliance,
et pour la vie, a posé son sceau sur nos recueils,
Pour que la lune cache sa sombre face,
pour que vie ne s'entache pas de mort lente,
pour que flamme soit relevée avec audace,
pour que les blessures soient des pétales.
Pour que le jour éloigne sa nuit téméraire,
pour que la nuit jamais ne ternisse le jour,
pour que l'ombre cesse de tourmenter l'air,
pour que l'aube révèle la force de l'amour.