LA GLOIRE DU CYGNE
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaireTableau "le cygne" de Berthe Morisot
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C'est dans le plein midi, quand soleil est au zénith
Que le cygne a prosterné le cou, rendant l'esprit à la terre.
De la foule des oiseaux volant dans l'azur ombrée d'éclipse,
Je l'ai vu dans la lumière des horizons sans limites.
Oh ! que vous dirais-je de son large plumage royal
Quand le sang de ses pieds a étanché le sol austère
Et encore dire des rivières qui se sont abreuvées du nectar marial
L'élan des oiseaux ayant vu de la blessure le geste prénuptial ?
Là, dans le demi-jour que terre a dessiné, hospitalière,
Il a pleuré d'un sacrifice ultime réalisé dans la mort.
Le peuple des oiseaux a accueilli son visage de lumière.
Je le revois, dans son manteau rouge, l'esprit en prière.
Puis, le soleil s'est éclairci, rendant à son dévouement
Tout le firmament à la voûte étoilée que l'esprit adore.
Le vent s'est tu dans le silence que le vent aime de l'an.
La rose s'est inclinée face au sacrifice du lys au printemps.
Puis... puis...
La musique des sphères a joué d'un luth de palissandre
La symphonie des oiseaux qui l'aiment, éblouissant.
Le soleil a appelé à aimer la nature et les graines de coriandre.
La nature a loué le chant du cygne que le chant aime répandre.
J'ai vu tant d'oiseaux s'élever le jour ; et aux nuits éclatantes
J'ai vu sa parure guérir au soleil pour l'adorer rayonnant,
Chaque jour, saisir ses mains aux arcanes florissantes.
Je l'ai vu s'élever si haut de grâce aux grâces éclatantes.
Oh ! bel oiseau au vol déployé des dimanches levés,
A-t-il levé son amour aux amours terrestres qu'il regarde,
Que voyant enfin son essor dans la liberté donnée,
J'ai dit au cygne ma flamme et ma grande fidélité.
Le ciel s'illuminait plus puissamment qu'un embrasement,
Plus fort qu'un psaume que les rituels empruntent à Sarde.
Levé dans l'éther, les ailes fleuries de blancheur au firmament,
Il aimait sans mesure l'homme qui l'a blessé dans le vent.
J'ai vu mon beau cygne se relever à chaque pas tombé.
Je l'ai vu saisir mes mains tendues sur son chemin,
Telle ma fleur céleste qui essuie la rosée perlée
Jusqu'à me prendre sur son cœur renouvelé.
Je ne peux plus adorer autre oiseau, mon cygne revenu de la mort.
Dans son corps de lumière, je suis sa plume qui l'aime, humain.
Il m'a dit que tous les hommes sont frères depuis la nuit du septuor
Et que seule l'ombre abîme ces cygneaux titubants aux pas du condor.
Puis, Puis !
Dessin Jacques Lévy
J'ai vu le vent et les fleurs relever leurs visages repentant
Les pierres créer des montagnes, les forêts ourler des chemins,
Les eaux marteler les cailloux après l'orage pénitent.
Le sang des blessures avait parfum de rose vibrant.
J'ai pris mon encensoir et ai, à ses ailes étendues, pris
Le plus fort des parfums, le nard, pour célébrer le carmin
Que sa tombe a oint dans le rayonnement de l'aube accomplie.
Mon cygne vole si haut qu'il est devenu la flamme de l'esprit.
Dessin de Jacques Lévy