Béatrice Lukomski-Joly


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La Conscience et le Soi ; à propos de la souffrance.

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Discours entre la Conscience et le Soi

 

Le Soi

Dis-moi, quelles sont ces larmes coulant sur tes joues, épousant tes lèvres, rinçant ta bouche, sillonnant les rides de ton cou et fleurissant sur ton cœur, là, achevant leur course ? Tristesse ? Peur ? Souffrance ? Quel est leur nom ?

La Conscience

Je les ai toutes connues, mais celles d’aujourd’hui se nomment Souffrance. Leurs noms résonnent comme des cloches sonnant le glas pendant des heures pour un défaut mourant à lui-même sans que l’on comprenne vraiment ce qu’il se passe en notre intime pensée allant seule sous son joug dévastant l’ancien pour enjoliver les heures des Laudes.

Le Soi

Parlerons-nous aujourd’hui d’elle ? Veux-tu ? Nous parlerons de l’origine des larmes, ces saignées blanches qui apaisent. Nous évoquerons la souffrance et je voudrais que tu me parles d’elle puisque ses perles d’eau sont le témoignage d’un vécu. Vécu passager ou vécu permanent ? Que m’en diras-tu ? Tu ne m’as pas encore tout enseigné des émotions humaines et je me languis de savoir. Aussi, je t’écoute. Si je veux exister, je dois bien passer par la compréhension de ton expérience, et avec toi, la vivre, vivre en elle, vivre avec elle. Peux-tu me les raconter ?

La Conscience

Ne l’as-tu donc pas souffert avec moi, mon Soi ? Puisque tu me suis, m’attends, m’espères, il te faut bien être en moi pour que je devienne toi ? L’un sans l’autre, que pourrions-nous ?

Le Soi

Certes ! Tu le dis ! mais, comme tu le sais, je ne peux devenir Soi que si ta conscience s’éveille en moi. L’un dans l’autre, jamais l’un sans l’autre. Je sais, je sais ! Peu comprenne la différence entre le moi et le Soi, mais si ce peu ne peut enseigner le soi, c’est parce que la conscience fait défaut, tu en conviens ? Donc, tant que cela est une énigme, le Soi ne peut être enseigné, puisqu’il faut une conscience pour que je naisse et qu’il naisse à chacun dans la lumière de son courage soumis à rude épreuve. Je sais encore ; il se dit que la perfection doit taire la visibilité des émotions afin que le calme intérieur témoigne en toutes choses. Il ne se dit pas cependant que les émotions ne doivent pas exister. Beaucoup se trompent à ce propos. Le calme intérieur ne dit pas aux émotions de ne pas exister. Il exige seulement que point, tu ne les montres, car le commun des mortels ne les supporte pas, et que dans le monde d’en haut, les sanglots sont turbulences pareil à un ouragan. Les larmes suivent un tout autre chemin ; elles sont le rideau que tu dois soulever après avoir demandé aux rayons solaires de t'embrasser. Les morts pleurent. Ils n'ont pas de larmes physiques, mais ils pleurent sur leurs douleurs. L’émotion, oui ! les larmes, doucement les endormir jusqu’à ce qu’elles n’aient plus le besoin de s’exprimer sinon existeraient-elles ? Les flux de l’âme sont la souillure de ceux qui les provoquent et s’inscrivent dans la dette à compenser ; la paix s'engendre après avoir sillonné les joues, labouré le cœur et purifié l’âme qui a eu besoin de soins. Les larmes sont les pansements de l’âme jusqu’à ce qu’elle guérisse de ce qui les a fait jaillir, jusqu’à la réalisation du pardon sans pour autant supprimer la dette à l’encontre de celui qui les a provoquées. J'ai appris, avec toi, au fil des vies, que quiconque  engendre une douleur, doit la rétribuer sous la forme d'un bien ou d'un mal personnel qui deviendra un bien. Le chemin est long ; et bien orgueilleux, soit-il celui qui remarque un flux de l'âme et s'en moque, refusant de voir sa faute pesant de sa chaîne autour de ses membres.

La Conscience

Voilà une charpente posée sur une maison déjà bien montée ensemble. Ce que tu dis est vérité car pourquoi les larmes auraient-elles été voulues par les Dieux si elles ne devaient pas purifier le chemin qu’ils attendent de nous. Nous pouvons pleurer dans le calme intérieur ; je l’ai vécu ; je sais de quoi il s’agit et c’est difficile à expliquer à qui ne peut le comprendre.

Le Soi

Les fondations sont solides, les murs sont secs, les portes et les fenêtres manquent encore de lumière ; en toi, j’ai mis mon espérance et je regarde la charpente se construire.

La Conscience

Viens en moi, je t’invite, mais sois prudent car ma souffrance est si grande que je ne voudrais pas qu’elle t’ensevelisse.

Le Soi

Comment le pourrait-elle puisque par toi, elle devient Moi, transformée, bien établie, consolidée, purifiée, lumineuse. Par ta conscience, je ne saurais qu’avoir de la lumière et en aucun cas demeurer dans l’ombre en étant souffrante. Il me faut donc ton enseignement. Pourquoi ces larmes ? Quelle souffrance les provoque ? C’est quoi la souffrance ?

La Conscience

Oh ! Tu l’as déjà pourtant si souvent rencontrée en moi, marchant à mon côté, déambulant en moi comme un pauvre hère, et sous bien des habits différents. Avant d’apparaître, elle est vêtue de riches étoffes, et quand elle arrive, elle se dévoile et ne porte plus qu’un tissu de lin blanc, fin et transparent comme usé par le temps qui porte ton nom, doux comme la soie bien qu’il est lin, léger comme un pétale bien qu’il soit apprêté de lourds rubans aux couleurs vives, léger dans l’air bien qu’il soit lourd. Chaque fois qu’elle m’a dépouillée d’un bout de moi pour devenir toi, tu étais là, nous regardant, elle et moi, couple indicible de la vie qui dit ce qu’elle veut pour lisser son avenir. Toujours, tu as été là. Muet, invisible, spectateur, acteur endormi attendant la réplique joyeuse pour s’éveiller, terré dans l’ombre pour que la clarté du jour ouvre les yeux aveugles demeurés dans les ténèbres depuis si longtemps, paralysé parfois, inconscient à cause de moi, nonchalant pour la même raison, toi venant vers moi de l’avenir, là où déjà tu es achevé et te connais, et du passé par le flux des expériences accomplies.

 

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Le Soi

Tu me vois donc accompli ? Tu m’as vu venir de l’avenir en ton sein qui porte le divin Nom de l’Amour. Et je l’ignore ! Parle-moi de la souffrance ! Car deviner ce que tu dis sur mon avenir agissant présentement est déjà une souffrance en moi que tu dessines, réveilles, adombres.

La Conscience

C’est parce que tu viens de l’avenir que je peux souffrir en toi et te montrer ce chemin. Sans toi que pourrais-je t’en dire ? Sans ta présence venue de si loin, de si haut, par mon plus avisé, si beau, si noble, ressemblant comme deux roses fleuries à l'Adam qui est aussi pur que mon esprit revenu, que pourrais-je améliorer ? Car tout homme a  son double en Adam qui l'attend.  Rien ! Vois-tu ! souvent quand je nous pense toi et moi, si intimement liés, je sais que tu ne peux exister que lorsque l’accomplissement en un point unique en nous sera rempli de nos êtres. Nous sommes une convergence d’un point à un autre, deux parallèles qui se croisent en un point dans l’infini pour s’unir. C’est la Souffrance qui me l’a fait comprendre. Bien ! Arrêtons-nous pour que je te parle d’elle.

Alors, écoute ! Allumons une bougie et que sa lumière t’éclaire en ma parole. Si ce soir, lorsque je serai endormie, tu pouvais éclairer davantage cette part de moi que je viens de te confier et la tisser en un voile nouveau avec mes âmes chères et mes Hiérarchies, porte-moi sur le son d’une flûte. Que le ciel étoilé qui nous pare de son chaleureux vêtement chante le Graal inversé qui reçoit toutes les âmes, et nous, conscients de ce qu’il est, soyons ensemble un et un seul au Verbe ici-bas, ici-haut, qui a voulu cette union !

Car la première fois que je l’ai rencontrée, fait tellement insignifiant, ce fut lorsque j’étais enfant, mais elle ne déversait pas encore son ruissellement. Je vis une petite fille de mon âge agressée par de jeunes garçons. Nous avions trois ans. Ces garçons se moquaient d’elle, la cernant, l’acculant contre un arbre, vociférant des mots de laideur à propos de son obésité. Oh ! Non pas qu’elle fut vraiment obèse, mais elle était bien enrobée. Je vis cela de loin et cela me déplut. Je ressentis à distance sa peine et sa peine devint la mienne. Sa peine emplissait l’espace et rencontra mon âme.  J’avais mal en elle. C’est alors que je m’avançais pour me placer devant elle et leur dis : « Ne la touchez pas ! Blessez-la et c’est à moi que vous le ferez ! » Ils en furent si impressionnés qu’ils se détournèrent et partir têtes baisées. J’avais déjà en moi cette vie de la conscience si vaste que personne ne comprenait d’où elle provenait à un si jeune âge. Ce fut toujours ainsi lorsque je voyais des personnes malmenées, mais je ne le pus jamais pour moi quand c’était moi qui étais rudoyée. Il y avait comme un décalage entre les autres et ce que je pouvais pour eux pour les aider dans cette souffrance que je voyais se mouvoir en eux, et moi-même dans l’impossibilité de me protéger. La souffrance de l’autre me ceinturait et elle devenait mienne. Déjà, je ne comprenais pas que l’on puisse faire du mal sous quelques formes que ce soit. C’était si puissant en moi dans le ressenti que mes parents dirent : «  Si elle continue à ressentir la souffrance des autres, que va être sa vie ? Elle ne sera que souffrance. » Ce fut ainsi, tel ils l’avaient dit.

Le Soi

J’ai vu cela et je me demandais où cela te mènerait, et j’avais aussi le souvenir de ce qu’elle fut en d’autres vies. Je ne comprenais pas encore son enseignement. Je te regardais bien impuissant à t’aider, mais voulais-je t’aider ? Nous ne pouvons aider que ce que nous comprenons. Je découvrais la souffrance au travers de tes yeux, de ton âme, et mon esprit parfois se réjouissait ; d’autres fois, il était atterré car elle t’envahissait sans que tu ne puisses la contrôler, mais le fallait-il ? Tu ne le voulais pas non plus. Être l'autre, disais-tu. Marcher comme un oiseau vole ; danser comme un Elfe dans les roses. Aimer comme la terre aime ; être elle et rien qu'elle pour mieux vivre de nuit.   Disais-tu encore.

 

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La Conscience

Je n’ai pas eu conscience de toi de suite. C’est très longtemps après que je l’eus connue, tant et tant, que tu as émergé d’un inconnu qui m’était un brouillard épais que je devais dissiper. C’est ainsi que je te vis pour la première fois. Je sentais ta présence et je ne savais pas te nommer. C’est par la Souffrance que je pus t’approcher et commencer à te nommer. Je te voyais parfois en demi-jour, en demi-teinte. Je vis que tu m’attendais lorsque une autre petite fille, venue d’un pays en guerre qui était le Vietnam, pleurait ses racines et surtout, tout ce qu’elle avait vu et enduré. Je le vis au travers elle, comme pour l’autre qui s’appelait Élisabeth, et cela m’avait couchée de désespoir. Comment tant de haine pouvait être possible au point de prendre des armes afin d’éteindre la vie ? Elle s’appelait Ti-Lienne. Je revois encore son sourire éteint et entends sa voix douce comme le levant dans un pays ou le levant s’appelait ombre. Elle avait pour le goûter un morceau de pain au beurre salé. Elle ne connaissait pas les douceurs du palais et mon morceau de chocolat noir l’intriguait. Je lui donnais ce que j’avais et lui dis que tous les jours, je lui offrirais ce qui m’avait été donné n’en ayant pas besoin. Elle me donnait en échange son beurre salé et je découvrais une saveur bien rigide pour un goûter. Je lisais en elle et son bonheur de recevoir un si petit présent m’emplissait de joie. Ti-Lienne me dit : «  Tu sais, ici, personne ne me parle. Personne ne veut de moi pour jouer et toi, tu viens, comme ça, me dire que je suis belle et que tu m’aimes. Je crois que c’est parce que je suis étrangère et que je parle mal le français. » Personne ne voyait sa souffrance et je pris sa souffrance en moi pour qu’elle vive ailleurs qu’en elle, bien atténuée. Elle ne disparut pas totalement, mais nous la partagions. Cela me donnait du bonheur car elle n’était plus seule en son âme et en sa vie. La souffrance, c’est un ressenti de l’autre vers soi, d’un évènement sur soi qui surgit de nulle part à ce que l’on croît, parce qu’elle est latente dans le manifesté, puissante, volontaire, guide de soi vers toi. Elle est sentiment avant d’être un acte pris en nous, embellis par elle. Elle est un chemin qui n’a d’égal que sa splendeur sur une terre aride n’ayant porté aucun fruits qui soudain fleurit de graines silencieuses en une somptueuse roseraie. Les gens la fuient comme la peste et ils ignorent qu’elle est une prairie prête à fleurir.

Le Soi

C’est donc cela ce que j’ai vu de roses naître dans ta chevelure ! Avant, chacune d’entre ces douleurs, je voyais comme des filaments se mouvant de ta tête, et après qu’elles se furent apaisées et comprises, chacune devenait une fleur et je me demandais comment une fleur pouvait surgir d’un ailleurs que la terre dans laquelle elle avait été semée. J’ai compris avec toi que les roses sont une fleur unique car elles seules témoignent de ce que nous apprenons dans la vie. Pas une marguerite ! Pas une pivoine ! Pas une autre, rien qu’elle !

La Conscience

J’ai vu ces roses. Elles sont éblouissantes, et dans la lumière du monde éclairent le chemin. J’ai vu ces roses ! Elles tiennent un suaire debout dans l’aura de la terre jusqu’à ce que la souffrance du monde dépose le suaire lorsque chaque âme aura fait des siennes une roseraie. Sept pour chaque âme ; vois cette roseraie qui attend son jour d’éternité !

Le Soi

Dis-moi ! Combien de souffrances existent-ils ? Quelles en sont les formes ?

La Conscience

Ne l’as-tu vu en moi ?

Le soi

Certes ! Mais je me demandais si ce que j’ai vu pouvait encore présenter une forme que j’ignore.

La Conscience

Pour ce que j’en connais, elle a trois vêtements. Chacun de ces vêtements habille l’univers. Le premier est physique ; le second relève de l’âme, et le troisième naît de l’Esprit.

Le Soi

Sont-elles belles ? Sont-ils beaux ?

La Conscience

Non ! Elles ne sont pas belles ; c’est la fleur qui en éclot qui est belle. C’est la fleur issue d’elles qui rayonne. La souffrance n’est que la semence de la fleur. Une graine ! Certaines vont fleurir, d’autres périr, et celles qui périssent reviennent sous une autre forme, n’abandonnant jamais leur croissance. S’il fallait revivre chacune d’elles, je recule. Si il m’avait été dit leur puissance, je n’aurais pas accepté. Mais il m’a été dit la rose venant vers moi dans toute sa pureté et j’ai dit oui à chacune des douleurs, car je voulais la voir couronnée de mes jours et  de son Soleil. Je voulais voir le Soleil en Elle, sans désir, juste par la volonté.  Je ne vais pas toutes te les raconter car tu les as toutes vécus avec moi. Certaines sont si fortes que nul ne les croirait si je les racontais. Et, je ne veux pas que l'on doute de mon vécu ni de ce que j'en ai fait. Tu ne les as pas subies avec moi dans le physique; tu les as vécues dans mon âme et mon esprit. Tu en as récolté une brassée de fleurs dont tu as orné ta propre conscience car ta conscience est  la mienne et en cela nous sommes l’un dans l’autre, unis à jamais.

Le Soi

Parle-moi de ces trois vêtements !

La Conscience

La douleur physique est celle que chacun voit car elle est visible, audible, terrible. Elle plie le corps, le soumet à son exigence, le sculpte, et se met au service des deux autres. Elle a les yeux de l’effroi et de la peine. Elle est le fardeau que nul ne peut porter à la place de celui qui la vit. Elle est une et indivisible, elle ne se partage pas. J’ai plié sous le poids de ma colonne qui s’effondre et j’ai vu autant que vécu le Calvaire jusqu’à son apothéose. Quand il fut achevé, lors de mon éclipse, je pus remarcher, droite, ayant perdu tout orgueil. Mon corps en porte la cicatrice. Mon esprit a vu sa première rose fleurir. Mon linceul annoncé fut plié et conservé en la mémoire de mes actes. Il y a une impuissance terrible dans son vêtement car il est lourd à porter dans son consentement et incompréhensible pour celui qui la regarde de loin ou de près. Seul, l’amour lui vient en aide. L’Amour que je reçus fut de celle qui me lava les pieds quand je ne pouvais plus les toucher. Ils furent si tendrement aimés, que l’amour déposé fut la source de ma guérison.

La douleur de l’âme est celle que chacun aussi peut voir, comme elle peut ne pas être vue. Cependant, elle a toujours un regard particulier, une profondeur du regard qui crie sa tristesse, son chagrin. Tout est dans la capacité de l’autre à habiter l’âme qui souffre pour l’aider à alléger ce vêtement. Le lin devient soie. Le vent devient air. L’ombre devient lumière. Le suaire devient un voile léger. L’éclipse disparaît et va vers la souffrance de l’esprit. Que celui qui dit la comprendre en ne vous écoutant plus parler mais narrant sa vie à la place de vous entendre ignore l’aide dont l’âme a besoin. Pourquoi se compare-t-elle sans cesse si ce n’est qu’elle n’a pas abouti sa leçon et ne porte pas encore sa lumière bien que sa douleur fut grande. Celui qui l’a vue et regardée dans les yeux sait qu’elle se tait pour entendre son âme lui murmurer quelque chose de Gethsémani. Chut ! Silence ! Ne parlez plus ! Cette douleur a besoin de l’immense compassion d’autrui, de la pitié qui engendre l’Amour. Non ! Elle est du Christ en soi. Elle se vit seule car elle ne peut être secourue que pas soi. 

La souffrance de l’esprit est le visage des deux autres réunies qui se sont épousées pour croître ensemble. Elle n’est pas miroir des deux autres. Elle est la fin et le commencement, l’Alpha et l’Oméga, le début et la fin d’un chemin préfigurant le suivant, encore plus haut, plus lumineux, au-delà de Soi. Elle est celle dont la rose est devenue sept et en devenant sept préfigure le sacrifice de soi pour le monde. Le sacrifice pourrait se dessiner que de seulement cinq à six roses déjà écloses, mûrissant leur fruit, avant de devenir sept. Il te faut savoir qu’à l’éclosion de chaque rose, tu apprends qu’une autre naît de son ciel, et en cela tu sais que tu ne peux plus t’arrêter sur le chemin car les souffrances furent si grandes et abondantes que tu les aimes comme elles furent, parce qu’elle sont roses dans l’Oméga. Tu es la valeur de mes roses.

C’est lorsque nous sortons des douleurs intimes et personnelles que nous commençons à vivre celle de l’esprit, et nous découvrons la magnificence de sa majesté car nous sommes devenus tous les autres : bons et méchants, beaux et laids, humbles et orgueilleux,et qu’en eux nous prenons sur nous la charge du monde qui doit être nôtre pour la mener vers l’aurore du Logos qui a commencé avec le crépuscule dans le plus merveilleux des jardins lorsqu’il perdit sa virginité d’âme pure. Voilà ce que je peux t’en dire à cette heure, ce que j’en ai appris, et que je t’ai donné. C’est quand le moment vient et que nous le percevons de son mariage avec la douleur du monde que nous savons que le Soi est Conscience.

 

 

Le Soi

C’est moi qui vais te parler des douleurs que j’ai vues, car sans elles, je ne pourrais pas m’entretenir présentement avec toi, et bientôt être unis d’une seule et même voix, car nous devons être un et un seul comme deux, nous sommes. Je ne parlerai pas de tes douleurs physiques qui furent si grandes que j’en suis encore secoué, ni de celles morales car j’étais encore dans le brouillard, mais de celle de l’Esprit que tu as fait naître.

Il n’y eut pas de répit entre les souffrances physiques, morales. Je les ai vues comme autant de perles de nacre que la mer engendre dans les huîtres façonnées, comme autant de coquilles allant vers saint Jacques et qui furent enfilées l’une derrière l’autre sur un filament d’or tendu de la terre au ciel. Tu as été soumise à la bouche des lions vomissant l’injure, aux flèches acérées transperçant ton cœur et aussi ton corps martyrisé par la douleur mise en croix. Tu as été flagellée, humiliée, par les actes d’autres se croyant au-dessus de toi ne voyant pas la lumière poindre sa flamme. Tu as bu jusqu’à la lie les offenses des vins amers des expériences données, et celles infligées par la méchanceté des hommes dont tu ne comprenais pas comment la malfaisance et la cruauté pouvaient être une volonté d’agir, te pliant chaque fois que tu la voyais marcher d’un homme à un autre pour finalement te choisir comme cible parce que l’amour brillait en une étincelle grandissante. Chaque fois, je t’ai vue joindre les mains et te coucher à plat ventre derrière les autels pour expier le mal d’autres. Je n’avais jamais vu cela. Je t’ai vue lever les mains, cachée de tous, parce que cela ne se donne pas en spectacle, se donne en offrande, pour toutes ces douleurs incommensurables, indicibles, envahissantes, marchant ensemble telle une manifestation haineuse ceignant le monde. Je les ai vues comme un réceptacle douloureux devant un Graal merveilleux. J’ai vu tout cela. Et je suis devenu lentement Soi à cause de tout cela. C’était une lumière qui joint elle-même les mains pour bénir. Je t’ai vue pardonner et entendu dire «  Moi, plutôt qu’un autre. Que sa souffrance vienne à moi et je le relève. » épousant la voie sacrée de l’avenir dans la force du cœur qui étend sa solennité, sa grâce, sa dignité, sans passer par la suffisance, juste par dons. Effacée, sans règne, sans nom, je t’ai vue donner, être, grandir, en mon esprit. Et je suis né.

La Conscience

Tout cela n’est rien encore. Car, as-tu vu la souffrance naître quand mon âme rencontra la douleur animale, la douleur de la fleur, qui se taisent, silencieuses pour des éons encore et qui nous environnent ? As-tu vu ce que j’ai vu de la douleur des âmes au ciel quand transfigurant leurs défauts en une qualité après avoir vécu de nonchalance, de négligence, d’impiété ? Je n’ai fait que les effleurer dans leur première venue à moi et me suis dit : «  L’Homme n’est pas achevé. »

Alors, lors d’une douleur immense, lors d’une guerre immonde qui transplantait son glaive en moi, je vis la lumière du Monde, immense, recouvrant tout, imprégnant tout, les bons comme les méchants, la vie comme la mort, nappant tout de son amour que j’en fus comme paralysée dans mon corps. Elle est devenue mienne et je compris que rien ne servait de La désirer car le désir venait d’un sentiment dans l’astral imparfait et animal, alors que la souffrance est du désir transformé, advenu et adombré par cette grâce. J’ai su qu’Elle venait à une heure que nous n’avons pas choisie parce que nous avons vécu en Elle, loin de tous désirs ; et la connaissance m’a portée vers Elle, en Elle, quand la souffrance dans l'Amour avait le visage de Son visage.

Le Soi

J’ai deviné cela, et je suis aise et heureux que tu l’évoques. Car, oui, le désir seul ne suffit pas. Continue de porter le Monde et je suis UN avec toi, nouvellement né. Allons ! Continuons ! La route est longue.

 

 

Aucun poème ne peut être interprété sans avoir demandé au préalable au poète ce qu'il a voulu dire.

Si des poètes et écrivains trépassés, nous interprétions, sans connaître la biographie du poète, sans connaître sa pensée défendue, nous aurions assurément tout faux.

Les commentaires sont fermés , après un grand nombre d'attaques écrites, anonymes ou non, j'ai dû fermer cette section.

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite

Aucun de mes écrits n'est modifiable (plagia) sur la volonté d'un tiers pour des besoins personnels. 

Béatrice Lukomski

 

Livres publiés :

1 / Âmes amères - chez GABRIEL LARDANT Hauteville-Lompnes Ain 1984  - épuisé - 

https://booknode.com/ames_ameres_0991345

2 / Le Génie - Théâtre-  chez GABRIEL LARDANT Hauteville-Lompnes Ain  1990 - épuisé -  Aujourd'hui Livre d'art, de collection.

https://booknode.com/le_genie_02246894

3 / Poèmes solaires, poèmes lunaires - Aux éditions du Bord du Lot 2017

http://www.bordulot.fr/detail-poemes-lunaires-poemes-solaires-256.html 

4 / Le sentier - Roman - 2019

5 / Lumière et ténèbres - Poèmes, Conte,  Nouvelles -2020

6 / La table dressée et le Roi - Conte - 2021

7 / En l'an trente-trois de mon âge - poèmes et prose - 2022

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