La beauté de mon minuit
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
Berthe Morisot
https://wsimag.com/fr/art/48320-berthe-morisot
Je voudrais être un rameau d'olivier fleuri
Pour épanouir vos jardins, bénir vos fronts,
Être le chant de l'aurore, après l'aube cueillie,
Pour être votre espérance, votre forgeron.
J'aimerais me lever au matin, le cœur gai,
De vous savoir sereins après les tempêtes ;
Être assurée que vous aimez la roseraie,
Blottis dans les roses bleues des clochettes.
Je pourrais vous dire que mon carême
Est une tempérance pour vos heures,
Être la main pour rayonner d'un chrême
Quand le feu s'éteint après le malheur.
Je rêverais d'être le dos vous portant,
Comme celui de l'âne, un jour de fête,
Vous dire tout cet amour me berçant,
Sur le versant embelli des défaites.
Je voudrais porter vos lourds fardeaux,
À ne plus pouvoir trouver le sommeil
Quand vos lèvres taisent le credo,
Et que vos yeux cherchent le courage du soleil.
J'aimerais tant être le voile, après le matin,
Pour vous offrir la beauté de mon minuit ;
Et vous offrir le panier des fruits et du thym,
Que j'ai ramassé, éreintée, avec le buis.
J'inventerai pour vos regards l'iris jaune,
Dansant dans vos pupilles bleues-azur ;
Et d'une simple virgule, établir vos trônes
Sur un parchemin éclos d'une reliure.
Je voudrais, lors mon dernier repas, sceller nos sceaux,
Et les offrir à l'Orient dans une seule flamme ;
Puiser à la force de la vie sous le boisseau,
Et vous irriguer de pluie pour vous semer d'âmes.
Puis, porter dans les mains pascales au printemps,
Le nectar éclairant nos futurs resplendissants ;
Demeurer l'Amour vu un soir d'hiver pour Nathan,
Les bras ouverts comme un arbre éblouissant.
Quand recueillant le rameau chargé de fruits
Que vous aurez laissés tomber sur un sol fécond,
Je serai là, toujours, comme en cette vie,
À orner vos cœurs d'étincelles pour les éons.