Béatrice Lukomski-Joly


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La source et la gourde

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Paintings by Polish painter Mariusz Lewandowski (born 1960, Działdowo). @mariusz_lewandowskiart

Si quelqu’un a soif et nous rencontre en chemin porteur à la ceinture d’une gourde nous demandant de l’eau à boire ou se laver les pieds endoloris et que l’homme porteur de la gourde lui répond : « Elle est à sept lieues de toi et douze pas de mes pas. Trop long est le chemin, je ne peux pas t’aider ; tu n’es pas mûr pour ce chemin. » Et la lui refuse.

L’homme ayant demandé l’eau de la gourde repart sans avoir bu, la soif le tenaillant.

Le porteur de la gourde ayant refusé de désaltérer l’homme venu fait douze pas sur sept lieues, seul, enseveli en son orgueil. Car telle était sa mission dans la rencontre : permettre à l’autre de se désaltérer à la source qui n’avait pas désaltéré son propre cœur.

Qui a manqué quoi ?

La source malgré l’effort demandé dans la question posée de la soif ardente ?

Le sens de la parole tue et désertée ?

Les deux car l’eau puisée à la source engendre la volonté de faire douze pas sur sept lieues sans que nous ne restions figés à la même place, inerte et sans actes.

Le premier a trouvé la source ailleurs lors d’une autre rencontre et s’y désaltère.

Le porteur de la gourde œuvre et avance toujours seul, stérile et vide de cœur, malgré qu’il ait appris que celui qui avait soif ait trouvé la source sans lui.

Il dit alors : « Non, vraiment, tu n’étais pas mûr. Cela aurait été dangereux pour toi. Je t’ai protégé du pire. » manifestant ainsi sa colère rentrée de s’être démis de sa mission, que l’autre ait trouvé le chemin sans lui , et aussi de continuer à cultiver l’orgueil plutôt que la rose.

L’eau de la gourde du second non partagée n'est  plus que source tarie.

L’eau de la gourde devenue source dont le premier est le vrai porteur, demandée en quête de connaissances, désaltère une vie entière. Elle est l’éternité, devenue l'amie et l'humble serviteur des Guides.

Ne refusez jamais la source à qui la demande car la source n'est jamais un danger. Elle est vie et liberté, témoignage et courage. Ne choisissez jamais qui peut la recevoir. Ceci n'est nullement en votre pouvoir de décision et de jugement. Que recevrez-vous pour avoir refusé la source . Une pierre ou de l'eau ?

BLJ

La gourde et la source.

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Photos libres de droits issues de : https://pxhere.com/fr/photo/956385

Si quelqu’un a soif et nous rencontre en chemin, porteur à la ceinture d’une gourde, nous demandant de l’eau à boire ou se laver les pieds endoloris, et que l’homme porteur de la gourde lui répond : « Va à la source, l’eau y est plus pure bien que l’eau de ma gourde provienne de cette même source à laquelle je t’invite d’aller. Va à cette source, elle est à sept lieues et douze pas de mes pas. Va ! »

L’homme ayant demandé l’eau de la gourde refuse d’aller à la source, préférant l’eau de la gourde.

Le porteur de la gourde nous l’offre avec joie bien que nous ayons refusé de faire douze pas sur sept lieues. Car telle est sa mission dans la rencontre. Il a la source entre ses mains et en son cœur.

Qui avons-nous manqué ?

La source plus pure malgré l’effort demandé ?

Le sens de sa parole malgré qu’il nous l’ait donné ?

Ainsi est le sens de la vérification de ce que les guides nous ont transmis.

Ce n’est pas pour que nous doutions de lui : je vous dis la vérité.

Mais bien pour que la même eau puisée à la même source engendre la volonté de faire douze pas sur sept lieues  sans que nous ne restions figés à la même place inerte et sans actes.

Ainsi en est-il aussi de l’homme ayant bu à la source des guides ayant vérifié la beauté et l’autorité de l’eau.

L’eau de la gourde ne désaltère qu’un instant. Elle est l’éphémère.

L’eau de la source désaltère une vie entière. Elle est l’éternité, devenue  l'amie et l'humble serviteur des Guides.

BLJ

 

Paintings by Polish painter Mariusz Lewandowski (born 1960, Działdowo). @mariusz_lewandowskiart

Il était une fois un père et ses deux filles

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Il était une fois un père qui avait deux filles.

La première avait tout eu et n’avait manqué de rien.

La seconde n’avait pas connu son père avant d’avoir sept ans, reniée dès la conception.

Le père avait tenté de faire mea-culpa en venant partager les jours de sa seconde tout en voulant à deux reprises repartir car la culpabilité lui était trop lourde et que, ne pas regarder sa culpabilité est plus confortable que de l’avoir sous le regard.

Elle avait aussi un coût que nul n’avait demandé au père mais que le père avait accordé puisque revenant pour connaître ce bel enfant, disant qu’il continuait à donner à sa toute première, ce qui était fort normal. Il avait coupé la poire de la faim et de la soif en deux tout en ne manquant de rien et ne revalorisant  jamais la petite somme sur le coût de la vie, car il avait reçu d’un anonyme dont il ne voulut jamais dire le nom la coquette somme de… le dirais-je ?

Un jour d’études que faisait la seconde, celle-ci osa demander à ce père qu’elle chérissait une aide financière de sept-mille euros pour se nourrir, palier aux besoins de première nécéssité et de ses études pour deux années, ce qu’il lui accorda moyennant un remboursement à tempérament, mais sonnant et trébuchant chaque mois. Il en avait informé son notaire. 

La seconde remboursait à l’allure de ce qu’elle pouvait.

Un jour, une femme dit au père : « Peut-être pourrais-tu alléger la dette car… »

Elle n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que le père répondit calmement mais surpris :

« Non ! Car ce serait priver ma première fille de ce qu’il lui revient pour moitié. »

La femme marchant à ses côtés se tut. Elle savait cet homme capable d’entrer dans de vives colères dangereuses. N’avait-il pas tenté d’étrangler son épouse, mère de sa première fille, lors d’une de ces colères, cause de leur divorce ? Aussi la personne l’accompagnant n’avait rien dit ne voulant jamais provoquer une telle colère chez cet homme. Il était homme avec lequel la diplomatie et la démagogie étaient des règles incontournables. Ne jamais se heurter pour ne pas recevoir une fin de non-recevoir ou un « Va-t’en ! » de tout ce qu’il ne supportait pas.

Ce que la dame, accompagnant les pas du père, avait voulu dire était « Car…vous n’avez pas élevé votre seconde pendant sept ans ni aidé à sa venue ni à sa naissance, huit ans sans que ce petit poussin d’amour comme il l'appelait désormais n’ait reçu la moindre attention ni amour de votre part, alors que votre première n’a manqué de rien. "

Comment alors insister à réclamer ce qui lui était normalement du si il avait été là dans ses besoins vitaux ? Cela, elle ne lui avait pas dit.

Elle le remboursait, lui, son compte en banque plein, jouant au pauvre comme il aimait le faire depuis qu’un huissier était venu frapper à sa porte, prévenu de la date du passage et ayant tout caché avant pour ne rien perdre de sa richesse.

La première née l'avait abandonné, lasse de ses agissements, ayant probbalement appris la tentative d'étranglemnt sur sa mère ce que l'histoire ne dit pas. Il ne la revit jamais. Aussi se reporta-t-il sur sa seconde née, lui disant que par amour il irait vivre auprès d'elle dans un ehpad demandant de l'aider dans son vieillir sans jamais dire ce qu'il lui demanderait de financer, ayant bloqué devant le notaire et sa banque ses comptes jusqu'à son décès. Or, elle n'était toujours pas reconnu comme fille du père. 

La seconde fille souffrait du manque étant dans le besoin alors que lui, regardait ses comptes, fier de leurs chiffres.

Un homme avait dit un jour lointain dans le passé au père : " Ami, tu ne manqueras jamais d'argent dans la vie."

Il s'était assis confortablement sur cette belle phrase pour ne jamais manquer de rien tout en laissant sa seconde fille manquer.

L'argent, merveilleux outil de Méphistophélès, avait encore de beaux jours devant lui.

Il y a parfois des hommes plus rusés que les renards. Ce n'est pas Esope* qui le démentira.

https://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/%C3%89sope/173166

 

 

La colombe et le corbeau

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

https://www.pinterest.fr/pin/700309810775657477/

Il était une fois une colombe et un corbeau. Le corbeau avait grands biens et plusieurs niches en ses murs et la colombe n’avait qu’un arbre fleuri pour se poser. Le corbeau aimait agacer la colombe et tournait sans cesse autour de l’arbre où se reposait l’oiseau blanc. Il avait en vue de prendre l’arbre qui avait une roseraie pour amie et d’agrandir son domaine. Il pensait que la roseraie pouvait lui appartenir également. Pour ce but, il volait sans répit autour de l’arbre. La colombe ne bougeait pas. Elle n’avait que faire du corbeau qu’elle trouvait bien laid dans ses vœux et ses actes. Elle le regardait tournoyer autour de l’arbre fleuri de roses, paisible, mais ne doutant jamais qu’un coup de bec du corbeau pouvait détruire ses ailes. Le corbeau avait appelé en renfort les corbeaux de son lignage alors que la colombe était seule en ce lieu. Tous attaquaient la colombe en sa roseraie. Les corbeaux sont foison ; les colombes sont rares.

Le corbeau croassait fort et parfois imitait le roucoulement de la colombe. C’est un mimétisme que possèdent tous les corbeaux. La nature l’avait doté de ce pouvoir alors qu’elle n’avait donné à la colombe que le pouvoir de roucouler. Injustice dirons-nous, mais c’est ainsi que la nature est faite. Nous pouvions nous demander si dans cette capacité à imiter, la création n’avait pas voulu signifier qu’un oiseau noir pouvait ressembler aux hommes néfastes et par là, s’en méfier.

Le corbeau était tout juste sorti du nid et savait déjà imiter les attitudes apprises par ses pairs. La colombe ne ressemblait qu’à elle-même, unique parce que pure en son intelligence d’oiseau blanc.

Jours et nuits, il épiait l’arbre et la roseraie. Un jour, il agressa avec un de ses semblables une branche fleurie. Les griffes acérées balafrèrent le bel arbre. La branche tomba. La colombe gémit. Le corbeau revint à l’attaque. Il renversa l’abreuvoir d’eau pour que la colombe ne put plus boire ni se laver. La colombe alla à la rivière pour boire et se laver, loin de tous regards, pour que sa pureté demeure. Le corbeau ne l’ignorait pas et fut satisfait. Le corbeau vit un chien se promener dans la roseraie. Il lui donna un coup de bec, comme à son habitude, et envoya le chien dans un refuge. Il fit de même avec tout ce qui se promenait dans la roseraie, amis de la colombe. Il la  toisa et et lui dit : Le béton siérait mieux à cet endroit, je m’en fais le garant. Il dit encore : Ici vivent des gens sales et malotrus, en parlant de la colombe et du peuple des oiseaux. La colombe appela le peuple des moineaux et demanda à ce que cette infamie soit mise sur le compte de ses actes et paroles malveillants. Ce fut acté. Le corbeau ne lâcha pas prise. Il y avait un mur près de l’arbre. Il décida de le détruire à coups de becs et de griffes, et d’agrandir, ainsi, son territoire. Le mur gémissait au sol. Il fit venir un ouvrier qui se servit des pierres pour bétonner sa cour. Le corbeau put ainsi entrer chez la colombe. Et ne s’en privait pas. Nul ne le voyait.

Hors de son domaine, il avait curieusement bonne réputation car, avec ses amis sombres plumés, il embauchait corbeaux et corneilles de la campagne pour s’enrichir. Lorsqu’il croassait, il exigeait que la colombe point de bruit ne fasse, point ne se montre. Son chant lui était insupportable. Les oiseaux de la roseraie pleuraient, car il avait aussi volé une carabine dans un champ voisin et d’un coup tiré, sans que nul ne s'en aperçoive, il tua un pigeon qui volait au dessus de ses nids. Il s’attaquait inlassablement au peuple des tourterelles nouvellement arrivé qui veillait sur le lieu. Le corbeau travaillait dur à ses niches, les embellissait avec des moyens dont nul ne savait d’où ils provenaient et payait ses congénères avec des plumes noires mais, laissant croire d’une belle écriture, que la plume noire était une plume blanche cachée sous son ventre, il paradait, or chacun sait qu’aucun corbeau n’a de plumes blanches sur le ventre.

Le peuple des oiseaux nichait dans une haie de thuyas plantée près de ses alcôves ténébreuses. Ils chantaient si fort que les matins heureux louaient les rouge-gorges,  les mésanges, les moineaux, les rouge-queux, les merles, les pigeons et la colombe dans son arbre. Un jour les oiseaux tinrent conseil. Les pigeons décidèrent de salir les niches pour que le corbeau comprenne que la laideur n’est pas de l’âme pure. Plus personne ne vint voir l'oiseau noir. Il s’en alla un temps pour trouver refuge ailleurs. Son oeuvre n'était qu'une  grande faillite. A force d'acculer la colombe, il avait tout perdu. Ses mangeoires délaissées s'abîmèrent. L'une de ses niches s'écroula, preuve que l'on peut vouloir déloger une colombe, la vie vient en aide au bel oiseau affublé de tristesse.  Il décida de revenir chez lui et d’embellir à nouveau son bien, clamant au peuple des oiseaux et à la colombe qu’il avait changé et qu’il avait compris la leçon, qu’il serait désormais leur ami. Mais le corbeau reste un corbeau, sombre et envieux, inquisiteur et épiant la mort. Il redevint lui-même et décida de tuer la colombe puisque telle était sa nature. Le peuple des oiseaux pendant son absence s’était multiplié dans le jardin. Ils avaient connu la paix et dans leur sérénité construit leurs nids. Le corbeau ressortit sa carabine trouvée dans un champ. Il avait appris à la manier comme tous les corbeaux font pour se nourrir de cadavres. Voyant parfois un des leurs gémir au sol, un autre agonir avant de rendre l’âme, le conseil des oiseaux se réunit une nouvelle fois. La colombe écoutait. Les moineaux en plus grand nombre dirent : il nous faut déménager de cette haie car la haie va périr, ainsi sera juste la sentence. Le corbeau comprendra que sa laideur n’a d’égal que la mort de ses arbustes proche de ses niches.

Il nous faut nous en aller, dirent les oiseaux. La colombe approuva, tout en étant triste, car elle serait seule en son arbre, sans plus avoir d’oiseaux près d’elle si la haie venait à mourir. Le corbeau avait entendu cela et ne comprit pas leur intention. Il dit : pourquoi devraient-ils partir, je ne pourrais plus jouer avec la mort, mais je veux bien raccourcir les branches pour que la plupart quitte cette demeure que je n’aime pas, salissant la mienne. Au diable la roseraie ! Alors, il vint sur l’arbre de l'oiseau blanc, visita son jardin. La colombe le poussa dehors, lui affirmant que son arbre était sien et que nul ne la délogerait par la volonté démoniaque d’un corbeau mal- embouché.

Le jardin des oiseaux était si beau que la colombe aimait y vivre. Le jardin du corbeau était devenu un vaste plan bétonné dont la mémoire des pierres du mur abbattu racontait encore qu'elles n'étaient pas de ce lieu. Il croyait que nul n'avait compris mais beaucoup se souvenait  qu'avant d'y avoir une terrasse bétonnée, il y avait eu là un mur fait des même pierres. La vie est juste et la mémoire des uns et des autres est intacte. Nul ne lui disait  que la situation était claire. Le corbeau s'illusionnait et la colombe observait. lI aimait cela. Il trouvait beau la laideur. Deux mondes différents se côtoyaient. Le corbeau fit venir un jardinier qui élaguerait sa haie en plein hiver. La colombe comprit que là était le signe attendu du dépérissement du massif et du départ de ses amis pour une autre maison. La colombe resta chez elle. Elle regarda le jardinier tailler la haie en plein janvier. Le jardinier n’avait pas nettoyé ses outils avant d’œuvrer. Il apporta aux résineux une foule de parasites nichés en ses lames. Les oiseaux virent cela. La colombe sut que le signe attendu était là.. Elle le dit aux oiseaux qui commencèrent à déménager. Elle, occupait toujours son arbre et son jardin fleuri. Le corbeau ne sut pas, pas plus qu’il ne vit, que sa haie avait commencé à dépérir. Les branches commencèrent à roussir, symptôme d’une défaillance engagée. Bientôt le massif n’existerait plus.

La colombe était âgée. Ses pattes la portaient désormais difficilement. Elle tombait  de plus en plus souvent de sa branche, fragilisée par l'âge et les actes des oiseaux noirs. Le corbeau était jeune. Il était dans l'espérance d'avoir un jour gain de cause. La colombe, à force de le subir, commençait à sentir la défaillance de son coeur. Elle volait de moins en moins souvent. Le peuple des oiseaux continuait à chanter pour lui donner courage et la roseraie devenait de plus en plus belle pour émerveiller son regard. Le corbeau continuait de nettoyer ses niches, toujours avide, toujours utilisant ses plumes noires pour qui voulait l'aider sans plumes blanches à offrir. Il attendait que la colombe meurt d'épuisement pour, enfin, qu'elle libère ce jardin et cet arbre qu'il voulait toujours abattre. 

Si un jour vous passez près de cet Eden et que vous entendez dire que sa colombe est  décédée, pensez au corbeau qui n'aura eu de répit dans sa nature propre à détruire. 

Les oiseaux se réunirent une dernière fois voyant leur foyer rougir aux brindilles cramoisies.

« Bien ! Il nous reste encore deux à trois ans avant que cette haie ne soit disparue, et au corbeau de comprendre qu’il peut continuer à faire le mal qu’il ne lui sera pas donné de temps pour réaliser que la malveillance le le condamnera. On ne peut vouloir tout tuer de son environnement sans que la sagesse  n'oublie cet affront." La colombe décida de rester en son jardin et d’attendre le retour des oiseaux quand le corbeau serait défait, quand   sa propre mort pointera la fin de son chant.

C’est ainsi que la sagesse œuvre pour que le mal se transforme. Le corbeau pourra revenir s’apitoyer, disant qu’il a à nouveau compris la leçon, que le peuple des oiseaux n’en croira rien, la nature du corbeau n’étant pas de changer. Ainsi partira-t-il car son départ et sa misère sont écrits dans le livre du monde. Le temps est donné aux colombes paisibles et bienveillantes alors que celui des corbeaux est toujours mesuré. 

 

 

Le banquier et l'astronome

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Photo de Francis Atlas http://francis94.zenfolio.com/p174142033

Une mère élevait seule ses enfants. Elle n'avait pas eu de rêves matériels pour eux si ce n'était de les rendre bons, humbles, moraux et hauts de conscience et d'amour.

Les tâches ne manquaient pas. L'argent rentrait à la hauteur d'un seul salaire et suffisait à peine mais la mère était comblée d'avoir un travail pour sustenter sa progéniture. La misère était souvent au rendez-vous mais nul ne manquait jamais de rien, la Providence veillant à rétablir l'équilibre dans une maisonnée où de tels souhaits étaient prononcés.

Les anges avaient en cette chaumière une ouverture, il fallait bien la saisir !

La mère demanda un soir après avoir lu un conte à ses enfants ce qu'ils aimeraient faire plus tard, quel était leur vœu de métier.

Le premier dit: « Moi, je serai banquier ! Je veux avoir beaucoup d'argent et bien vivre. Et aussi je veux être archéologue. 

« Tu y arriveras mon fils ! dit la mère. Tu vivras bien et tu gratteras aussi la terre mais il te faudra beaucoup travailler pour cela. Je t'offrirai les moyens d'y arriver c'est à dire mon soutien et mon amour. Vois comme je travaille dur et comme nous ne manquons de rien, comme nous sommes heureux !"

Le second dit : « Moi, maman, je serai astronome pour me perdre dans les étoiles et être toujours libre, voler comme les oiseaux, la tête légère dans le ciel. 

« Tu le seras ! répondit la mère. Tu seras libre comme l'oiseau mais avant il te faudra connaître la cage pour apprécier ta liberté. Derrière tes barreaux, tu regarderas le ciel puis comme les oiseaux, tu atteindras tes inespérées étoiles. »

La mère avaient prononcé ces mots avec tendresse et moralité comme on lit un conte qui enseigne.

Les années passèrent. Les garçons avaient grandi, ils étaient devenus grands et beaux.Ils s'étaient donné les moyens de leurs rêves, tant bien que les anges n'avaient jamais oublié les paroles de ce beau soir de complicité et de partages et les prirent au mot.

Le premier-né devint rebelle, anarchiste, provoquant partout où il y avait de l'argent à prendre, c'est à dire voler; non pas comme son frère l'avait espéré pour lui-même mais un voleur simplement, un qui prend tout sur son passage pour revendre les biens d'autrui. Il prenait la terre par poignées pour la jeter sur les passants.

« Bien ! pensa l'ange gardien.  C'est ce qu'il veut ! Être riche de la sorte, je lui donnerai la rue, la nudité, la laideur ! Il veut fouiller la terre, je le ferai dormir dessus été comme hiver, qu'il pleuve, qu'il neige ! Il sera inscrit en lettres noires sur son corps le passé de ses désirs. Il se tatouera un " A " qu'il devra relever d'un phœnix. »

Le second oublia les étoiles et leur ciel et préféra les étoiles de la drogue et de l'alcool. Il planait avec délice mais chaque retour le fracassait comme chaque "voyage" d'ailleurs ! De substance en substance, il ne faisait plus que toucher terre, rampant comme un serpent.

« Bien ! dit l'ange gardien du second.  C'est ce que tu veux ? Les étoiles ne t'intéressent plus et tu voudrais que je meurs à moi-même alors que j'ai envie de l'astre solaire que tu n'imagines pas comme étant plus rayonnant, plus rassurant, que tes doses étranges ! Tu as oublié les oiseaux et leur magnifique envol vers la liberté ! Je t'offrirai la cage et les barreaux ! Pendant sept ans, tu connaîtras ma coupe de colère et tu ne verras plus le ciel que derrière des murs en béton et de tes fenêtres par des barreaux doubles ! 

« Bien! dirent les deux anges en un seul chœur . Ils auront ce qu'ils ont mérité ! Nous aurons à beaucoup aimer leur mère qui sera noyée de chagrin pour l'aider à garder l'espérance de leur vœux premiers. Ne fermons pas le toit ! "

Les années continuaient à passer, lentes pour chacun, la misère grandissante, l'effroi, la terreur, le froid dans les cœurs mais pas dans celui de la mère, qui terrassée, ne se mit qu'à les aimer davantage en leur disant : « Je vous attends. Je compterai, certes les heures, mais chaque jour où le soleil brillera, je vous donnerai le pain et le vin qui n'a de substance qu'en l'éther des mondes. De vos jeunes vies, je ferai le berceau des étoiles en l"oiseau qui n'a besoin que de paille et de grains pour vivre. »

Les anges entendirent cela et se mirent à chanter. Ils avaient une amie terrestre qui avait bien de la douleur mais ils savaient qu'ils pouvaient compter sur elle.

Sept années furent révolues.

Le premier-né revint à la maison. Il embrassa l'amour, c'est à dire sa mère.

« Acceptes-tu que je me repose chez toi ? dit-il. J'ai trouvé un travail, maman ! Je commence demain, je vais être éboueur . Regarde ! J'ai tatoué un phœnix sur mon "A" pour que plus jamais il ne ternisse ma mémoire.

- Bien mon fils ! installe-toi en notre maison, tu es bienvenu. Viens ! allons dîner car il se fait tard et je pleure encore ton frère, vois-tu, mais toi ce soir tu me donnes un sourire qui fend le toit de notre maison pour rejoindre les étoiles ; donnons le à l'oiseau qu'il le mène à ton frère derrière les barreaux de sa prison. »

Le second arriva peu de temps après. Il embrassa l'amour, c'est à dire sa mère et dit :

« Comment as-tu pu vivre toutes ces années de douleurs ? Tu n'as jamais failli à ton sentiment ! Comment fais-tu ? Je veux juste manger un repas avec toi puis partir vivre décrocher les étoiles pour toi. Je veux que chacun de tes sourires soit autant d'étoiles que les oiseaux porteront au ciel. J'ai fait tout ce que je dois faire : trouver un logement, un travail, faits mes papiers. Je suis libre. Libre ! 

- Qu'as tu appris ? dit la mère au premier-né.

- J'ai appris que l'argent et les choses n'ont pas de valeur, qu'ils procurent malheur chaque fois que je ne pensais que par eux sans voir l'utilité qu'ils procurent en la vie. J'ai appris à vivre avec si peu de choses dans la rue que je n'ai plus de besoin superflu. J'ai appris surtout que l'amour est plus grand que toutes les choses et l'argent du monde. J'ai eu pitié de toi chaque fois que tu me voyais sous un pont, sur un banc, m'apportant à manger, autant que je ressentais ta compassion. 

- Qu'as-tu appris ? demanda la mère au second fils.

- J'ai appris que tes sourires étaient les plus beaux des oiseaux, tes dons les plus belles des étoiles. Je les ai explorés et ai découvert des mondes insoupçonnés que je n'aurais jamais pu imaginer sans les barreaux que j'ai dessinés. J'ai exploré le ciel chaque soir derrière ma fenêtre qui donnait sur le vaste champ de solitude et chaque matin, je patientais pour jeter le jour qui a passé en une brassée de feuillets que je regardais voler au vent chaque septième jour. »

Les fils serrèrent leur mère tout contre eux, si fort, qu'elle vit les oiseaux voler loin des cages dorés, loin des cages prisons, loin des trous noirs. Ils étaient devenus beaux.

« Bien !  dirent les anges. Nous croyons qu'ils ont compris la leçon. Chaque larme qui coule est un sourire pour nous et chaque sourire est un rire, alors que demander de plus ? Voici bien une famille heureuse qui n'a fait don que de ses sourires et de ses rires à nos volontés solaires.

Reprenons notre chemin ! Un peu de repos nous fera le plus grand bien avant la prochaine leçon ! Et si ce n'est en cette vie, ce sera pour l'incarnation suivante… car nul n'adore Mamon sans récolter le fruit de sa misère. Nul n'a conscience que tout est continuité ! Ainsi le proclame le soleil !  Qui croit que la perfection s'atteint en une seule vie possède une poutre en son oeil. »

 

paru dans "Poèmes solaires, poèmes lunaires" aux éditions du Bord du lot

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