Discours entre le Soi et la Conscience -3- à propos de la parole
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
Rembrandt " Un homme lisant dans une pièce"
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_tableaux_de_Rembrandt
Discours entre le Soi et la Conscience
à propos de la parole et du Verbe.
La Conscience
Parlons du langage aujourd'hui si tu le veux bien ainsi que de la puissance du mot. Si tu penses à moi et créés de moi une image faite de toi, de tes actes, et de tes pensées, n'oublies pas que je suis vivante et que tous mots contiennent un acte individualisé que je regarde avec ou sans complaisance.
le Soi
Tout mot que je prononce est donc une influence sur l'autre car il est une action qui se transmet à mon être et à ta nature. Je dis bien « être» et non « avoir » car le mot existe avant d'avoir une influence. Son existence justifie l'action. Le mot n'aurait pas d'action s'il n'existait au préalable. Non ?
La Conscience
J'y ai pensé. Souvent, je me suis demandé le regard d'autres lorsque j'utilise le langage. Quelle est mon influence ? Quelle est l'image s'ancrant dans l'âme de ceux qui m'écoutent ? Est-ce que ceux qui m'écoutent ou me lisent sont profondément à l'écoute ? Ne font-ils pas que survoler le langage ? Si mon impact est une sagesse ou une collusion querelleuse ? Si j'agace ou si j'apaise ? Si je n'aurais pas mieux fait de me taire ? Si j'ai été utile ? J'ignore tout de la réception d'un mot entendu ou lu. Oui ! Le langage et le choix des mots est important à mon âme pour ne pas laisser un sentiment contraire au sens souhaité.
Le Soi
Le mot, en effet, vit, qu'il soit dit, qu'il soit écrit. Il est ton ami et aussi ton ennemi. En cela, tu as déjà une pré-conscience.
Dis ce que tu as dans l'âme, mais avant, prends bien garde qu'elle ne suive un tout autre chemin que tu n' aurais pas voulu car il n'est pire destinée que d'en introduire une qui n'aurait pas été tienne.
Baptise-moi d'un nom !
La Conscience
Tant que la pensée reste muette et ne dit mot qu'elle pense, elle commet moindre mal que le bien n'en exige car il n'est de pires maux que ceux qui sont sortis de la bouche de l'homme quand il a introduit une action contre un peuple, contre un homme, contre l'Humanité en mettant sa pensée au grand jour si elle leur est contraire. Si la pensée de l'homme est bonne, elle peut se dire, elle ne fera que le plus grand bien aux hommes qui écoutent quand même ils l'oublieraient par la suite, non habitée par sa conscience qui a voulu s'animer et prendre corps. Mais formuler un mal reste une action qui engendre sa jumelle bondissante, comme un boomerang te reviendrait de douleur s'il n'est pas juste.
Aujourd'hui, tu m'as demandé si je voulais te voir mais suis-je vraiment prêt à revoir mon image ? Il n'est pas bagatelle que de dire oui à son image et de renoncer à ce que je possède d'imparfait, au risque de voir le lion intransiger et mugir comme un fou, crachant foule de laideurs que je ne suis pas prêt à revoir.
Te devinerai-je au travers du langage ?
Parfois avoir conscience de ce que je suis, est si peu dans le langage que j'en pleure.
Le soi
Tu souffres donc à ce point de m'avoir vue et ne pas vouloir me revoir de suite parce que tu es meurtri de ne pas avoir toute la conscience de ce que je suis ? Serai-je alors si hideux que tu préférerais être nonchalante, à moins que la peur en soit le vrai moteur d'inaction, donc de non-vérités ? Prends garde ! Je vais rugir et vomir foule d'êtres sombres ! L'image peut être terrible si ton langage est faux et est une arme contre moi car tu peux cracher du serpent si tes mots sont faux comme tu peux semer des fleurs si tu m'embellis ! Parle du langage de façon juste.
La conscience
Tu n'es hideux que par moi, non par ta volonté de l'être. Mais je t'ai vu aussi resplendissant. Aussi j'ai à cœur de parler juste car tu es lumineux, flamboyant, lorsque je révèle un sourire en l'autre que je t'offre. Je t'ai vu aussi cracher lorsqu'un mot n'est pas adapté. Quelle douleur !
Le soi
Libre à toi de ne vouloir me voir que rayonnant, radieux, flamboyant, lumineux ! Quel mot choisiras-tu pour faire rayonner mon visage ?
La conscience
J'en appelle à tous mes étais qui ont fait ce que je suis depuis la nuit des temps, hier dans le non-naître que je nomme l'innatalité, demain dans l'éternité que j'appelle l'immortalité, pour ne pas m'écrouler face à ton image, ni ne veux pas que tu disparaisses dans le néant parce que j'aurais été faible face à Toi. Je te veux vivant et transparent. Un de mes étais est le langage dans l'expression de son amour.
Le Soi
Tu as donc conscience que je pourrais disparaître à toi-même et au-delà, disparaître tout court, sans laisser de traces de Toi, ni de Moi si tu refusais plus longtemps de m'embrasser chaque jour de ton immensité ? Parle de moi !
Mais que crains-tu ou qui crains-tu pour enfin en parler timidement ? Si tu me veux transparent, tu n'as rien à craindre.
La Conscience
Rien que moi dans ce que je vois de moi et qui n'a pas encore pris la figure de la beauté, de la bonté et de l'amour plein ! Et lorsque j'utilise un mot inadapté, je t'enlaidis et ce que je vois est terreur. Il en est ainsi lorsque j'entends ou lis un mot contraire à une pensée, à un Être.
Le Soi
M'en parleras-tu ?
Nomme-moi ! Tout commence avec mon nom. Conscience est mon premier nom, et le second ?
La Conscience
Ne plus voir les lumières qui me guident, ne plus être l'enfant de ma conscience habillée de blanc dans le grand ciel jaune serait terrible ! Oui ! je t'en parlerai.
J'aime aussi tant être ton enfant et batifoler dans l'immensité avec les oiseaux et les papillons métamorphosés, survoler la grande cité d'or avec toi, rien qu'avec toi que je suis bien obligé de parler de toi de façon honnête !
Tu sais ! Nous les hommes savons foule de choses. Tant de conscience avons-nous et tant d’inconscience portons-nous à vouloir rester ce que nous sommes sans évoluer d'une aile tombée.
Le Soi
Un mot ! rien qu'un !
Si ma bouche était celle d 'un dragon plutôt que d'être celle d'un lion aux abois, mugissant sa colère magistrale ! Et si ce que nous avons créé ensemble était pis que ce que je t'ai montré ! Peut-être peux-tu transformer ton dragon, ton lion mugissant, en une rose ? Aide-moi !
Juste un mot !
La conscience
Et bien, je saurais toujours que c'est moi qui ai peint ce tableau vivant, de ce moi mugissant ! C'est là mon inconfort ! Un mot ?
Le Soi
Regarde moi ! Je suis lumière. Je suis ta lumière, pas ce fantôme hasardeux qui te terrifierait pour uniquement te terrifier bien que je sois fantôme avant d'être révélé ! Nomme-moi !
La Conscience
Tu sais ! J'ai une rose immortelle en ma demeure. Lorsque j'aime de tout mon être, semblable au soleil rayonnant, je la vois croître. Lorsque je faillis à mes devoirs, je vois ses pétales ourlés de brûlures. Elle pleure sur moi. C'est terrible à percevoir.
Je voudrais que ma rose soit ma nouvelle image quand bien même je t'ai vu, tour à tour, dragon, lion sage ou lion mugissant.
Le Soi
Libre à toi ! Libre es-tu ! Transforme ton lion en rose. C'est moi qui, aujourd'hui, te dirais que c'est simple.
Mais, tu ne m'as pas encore nommé … !
La Conscience
Je reviens au mot et sa puissance.... pardonne-moi ! Il me faut choisir un mot parmi d'autres et cela est difficile. Si je dis lumière, les gens pensent à la lumière physique que le soleil donne. Comment traduirai-je la lumière avec un langage simple ?
Le soi
À toi de trouver ! Mais rien ne prouve que tu auras réussi tant que la conscience de l'autre n'est pas déjà éprouvé par sa lumière ! C'est donc langage ardu. La langage sert à toucher le cœur. Tu peux essayer de toucher le cœur et te trouver en face d'un coeur qui ne soit pas réceptif. Ce cœur alors se vide et ne brille plus. Je peux t'aider si tu le veux bien car sur chaque mot vole un être doré, parfois noir. Tout dépendra de ce que tu m'auras d'abord réfléchi. Si une multitude voit en un mot d'amour une laideur, une compromission, une atteinte à son être c'est que l'amour ne l'habite pas et là je ne peux pas t'aider car je suis à ton seul service. Je ne peux pas être le Soi de l'autre.
La conscience
J'ai dit : Rose ; tu deviens rose. Tu es rose car c'est Toi pensant en Moi. Prenons un autre mot ! Celui-là parlera davantage aux hommes et pourra en conséquence créer une étincelle en leur lumière.
Le Soi
Oui ! Je t'écoute.
La Conscience
J'ai remarqué, il y a fort longtemps, que dans ma langue le mot Anti-Christ a été tronqué par le mot ante-Christ ! Mais nous sommes au-delà du mot puisque c'est un nom, un attribut donné à un être. Même des philosophes l'ont utilisé tronqué. Mais ante ne signifie-t-il pas avant, avant toute chose ? Comment pouvons-nous alors induire l'Entendement vers la Conscience dans une erreur magistrale qui lui donne une force implacable ? N'est-il pas venu le temps de faire valoir ma colère en regard de ce nom tronqué et le rétablir dans sa réelle perversion ? Chacun ignore la blessure immense qui jaillit chaque fois que j'entends ante à la place de anti ! Je le vois lui, de son aile noire, se poser sur le mot chaque fois qu'il est prononcé, écrit, dit ; ce mot-nom-attribut le voit s'esclaffer, heureux d'être placé avant Celui qu'il combat et qui Est de tous temps l'Alpha et l'Oméga, le Logos. Cela lui a donné une force terrible au cœur des langues francophones. Après, nous nous étonnons de voir tous ces délabrements tissés d'inhumanité. Je me suis dit qu'il me fallait t'en entretenir avant de prendre une décision épistolaire. Cet attribut a la vie dure et pour cause, il s'est durci dans la langue. Il est devenu comme une pierre que nul ne peut fracturer d'un burin, d'un poinçon, d'un ciseaux dans la langue car le mot est un être vivant et qu'aucun outil d'homme ne peut le fracturer sauf d'un autre mot, d'un autre attribut, d'une autre pensée qui guérit la pensée juste. Je viens déjà de casser sa majuscule !
Le Soi
La majuscule est brisée.
La Conscience
Guérir la pensée juste, dis-tu ! ne serait-ce pas plutôt le contraire, je veux dire guérir le mot perverti pour laisser la pensée libre ?
Le Soi
Ce qui est dans l'ombre doit être mis dans la lumière, c'est pour cela que je t'ai dit guéri. Ce qui est perverti rend la pensée individuelle malade. Je ne te parlais pas de la Pensée créatrice des origines.
La Conscience
Il n'y eut jamais d'ante Christ mais d''Anti Christ, oui ! Je pourrais allez encore plus loin mais l'heure n'est pas venue. Elle choquerait tant l'entendement que Conscience ne pourrait naître. Aussi me tais-je. Pour l'heure, secouons le figuier et le noyer que les fruits mûrs tombent pour nourrir ceux qui ont faim de ces fruits !
Le Soi
Enfin !
Écris-le ! C'est un devoir. Et ce que tu dois taire, continue de le taire. Ne l'écris pas. Et qu'importe qui t'isoleraient après avoir rétabli le sens et son chemin car le nom guéri va commencer à suivre son chemin de vérité. Es-tu en paix ce soir ?
La Conscience
Cela suffira-t-il ? Oui, je suis enfin en paix mais je ne le serai complètement que lorsque vérité sera totalement rétablie car si personne ne se saisit de la vérité, le mensonge demeure. C'est douleur à mon Esprit. C'est parce que je te pense Rose que je le deviens en Toi, ainsi est Ta nature. Un lion peut devenir une Rose lorsqu'il est comblé d'amour. Sa parole est d'or. Je l'écris. Que nul n'en prenne ombrage ! car le Soi dans mon Ciel a chanté ces paroles et au petit matin les a écrites de sa plume céleste.
Le Soi
Je suis une rose. Mon nom est ... Quand le diras-tu ?
Le mot a une puissance qui peut le bien, doit vouloir le beau, accomplir la vérité quand il est existence et sème au vent le cœur en ton être. Mon nom est ... Dis-le !
La Conscience
Ton nom est Amour. Il est en moi et je suis en lui. Nous sommes un.
Le Soi
Tu l'as dit. Va ! fleuris ma Rose que plus jamais de mots ne brûlent mes pétales ! Tu as fait, aujourd'hui, de moi une Rose. Le lion est transformé. Comme tu as pu me transformer, tu peux aussi de tous mots conduire une action qui plaira à ma nature. Ce soir, tu me verras Rose. Partagez la Vérité.
La Conscience
Je t'entretiendrai la prochaine fois de la laideur de l'image que les hommes voudraient faire croire belle et qui ne traduit que la bouche de leur lion en colère contre eux même, cette astralité mise à nue.
Le Soi
Point de repos à qui veut embellir ma forme !