Demain, je partirai...
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
Huile de Maurice Chabas
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Chabas
Terre calcinée, affolée par les vents,
Battue par le fouet des indolences,
Flétrie de mémoires pour tant de levants,
Assoiffée de printemps pour cent silences,
Me diras-tu ce qu’est Ton rêve et Ton soupir ?
Partirai-je au matin, juste après l’aube, si j’ose,
Laissant, derrière la vague des demi-jours,
L’amertume des jours tristes pour une Rose ?
Lactée tel mon voile, étoilée tel l’Amour,
Dirai-je le nombre d’heurs et ses expirs ?
Sans rien dire, point de murmures !
Aucune plainte, moins de souvenirs !
Laisser au temps absolu le silence qui suppure,
Puis, abandonner le corps avec le sourire.
Me croiseras-tu dans d’autres vies, ô mémoire !
Je n’ai pas été gracieuse, ni sereine,
A tant avoir vu le ruban glissant dans l’arbre,
Et encore, entendu mille secousses vaines
Que mes yeux redoutent de tant de vains marbres !
Serai-je ton joyau sculpté de glèbe pour ta gloire ?
Tu me dis de partir sans me retourner,
Quoiqu’il se dit, même accablée,
De porter le poids jusqu’aux confins de la vie,
Quoiqu’ils pensent, tous laissés, valeureux mal-aimés !
Et je te demande quel opéra respirer.
Mon bagage est prêt, mon vêtement aussi.
Oublier tous prénoms pour Ton Nom !
Emplir l’espace demeurant dans le vide !
Et se dire que mission est achevée sur le pont
Qui a lacéré tant de voiles sans bateaux égarés.
Demain, dès l’aurore, je m’envolerai,
L’âme triste des mots qui n’aiment pas,
Ayant meurtri souvent mes secrets,
Faute d’avoir vu mes mains pleines à vos pas,
Et je penserai à vous, loin de vous, libérée.
Beethoven Piano Concerto No. 5 in E-flat major, Op. 73 Adagio Un Poco Mosso