Béatrice Lukomski-Joly


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Ecriture et poésie

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Avez-vous remarqué que presque tous mes poèmes se lisent d'en haut vers en bas, et ... d'en bas vers en haut ? Non ! car nul ne lit un poème d'en bas vers en haut. Je transforme simplement quelques rares mots à la rédaction, sauf exception, pour que la lecture soit aisée. Je suis la première à en témoigner car nous n'écrivons que ce que les Archétypes de la poésie construisent avec nous, souvent avant nous. Il nous faut, alors lire leur écriture en sachant qu'elle est le miroir de leur monde. Il faut une grande vigilance dans l'écriture, et c'est pourquoi, tel un peintre regarde sa toile à l'envers et dans un miroir pour y trouver les déséquilibres et y remédier, le poète doit faire de même.

Tous artistes peintres ancrés dans l’histoire de l’art, ayant rejoint les sommets de la renommée sans la vouloir sinon en vivre, a ainsi peint, en traduisant l’envers de ce qu’ils voulaient exprimer par l’effet du miroir et de la toile basculée sur son chevalet, tout en exerçant simultanément sa sensibilité spirituelle, car il ne s’agit pas de reproduire mais d’exprimer ce que le monde des couleurs témoigne en nous.

Dans tous arts, seule la musique descend sa composition telle est est écrite à la Source du monde de l’Esprit. Il en est autrement pour tous les autres arts en se remémorant que les arts purs se résument à cinq.

Mais comment , nous, poètes pouvons faire dans le verbe lumineux ce que les peintres font pour témoigner de la couleur, donc de la lumière ? Toute l’histoire de l’art -jusqu’à présent- ne le dira pas, car elle l’ignore. Après avoir médité la question, il m’est apparu, il y a longtemps, que nous devions nous relire de bas en haut ce que nous avons écrit de haut en bas dans sa forme terrestre pour accéder à ce que les Archétypes de l’écriture poétique ont réellement inscrit en la nuit du poème qui accouche de Leur action le jour. C’est en lisant R Steiner que cette pensée m’est venue dans l’expression des images reçues inversées du monde des rêves, de l’Esprit, du Kamaloka et du Dévakhan, et ... du monde terrestre des illusions que nous prenons pour vraies. À sa pensée, également, que l’expression contraire pouvaient se glisser en fatale erreur dans l’écriture, témoignant d’un autre monde que celui que nous voulons décrire, il n’y avait plus qu’un pas à réaliser pour se demander comment faire pour la percevoir et la rectifier afin d’écrire juste et vrai sans tomber dans l’auto complaisance ni l’écriture automatique, soit une vigilance immense, car écrire est d’une grande responsabilité puisque l’écrit reste et est lu par un grand nombre. Il ne s’agit, alors, plus de laisser sécher le fruit mais bien de le mûrir. Nous ne pouvons pas faire n’importe quoi avec l’écrit, ni laisser l’interprétation libre avec des hiéroglyphes qui n’ont plus cours à notre époque, guère davantage si nous n’écrivions qu’avec des voyelles ou des consonnes où nous laisserions le champ libre d’insérer les lettres manquantes, par exemple.

Le sens doit rester sans qu’aucun mot ne trahisse la pensée première, sans laisser le pouvoir exclusif au mot qui se dirigerait seul sans gouvernail, ce qui est devenu une mode dans l’évolution de notre société matérialiste. R Steiner évoquait aussi que l’avenir de la poésie relèverait d’une écriture pensée nouvelle qui ouvrirait au monde de l’Esprit. Je méditais cette pensée pour comprendre en quoi je pouvais, moi en tant que poète, ouvrir cette porte, tout en sachant qu’ouvrir une porte laisse -pour l’avenir- sa réalisation pleine et parfaite, que je ne possède pas, puisque j’ouvre la porte et que je n’en perçois que la première lumière. R Steiner disait également que c’est par la voix des poètes qu’un Mouvement se transforme avant de prendre vie dans le monde. Il me parut important, bien que la poésie meurt en la langue française, qu’il fallait la relever de ces cendres, et que le faire est autant souffrance que bien-être.

Ce sont, donc là, les raisons pour lesquelles j’écris “ d’en bas vers en haut” pour finir “d’en haut vers le bas” après avoir relu ce que j’ai écrit. C’est une forme ( dans la forme !) de remerciement aux archétypes de l’Art qui descendent leur œuvres dans le monde astral pour qu’il soit cueilli car dans le monde des archétypes, nous ne voyons que le mouvement créatif sublime auréolé de milliers de couleurs claires, translucides comme le cristal ou d’un vitrail, avec les lignes de force aussi en mouvements. Ce qui est important est que le sens ne soit pas dénaturé. Si la lecture inversée donnait un autre sens à la volonté première, c’est que nous aurions mal perçu ce que la création poétique insuffle en nous. Il est cependant important que la chute du poème ( conclusion) soit magnifiée. Il ne s’agit pas de refaire la poésie mais de l’élever d’une marche vers sa hauteur splendide, car elle est un être vivant à part entière et c’est peu dire que de signifier cela.

Mes poèmes solaires, contrairement à ceux lunaires, relèvent de cette force d’écriture et de lecture inversée parce qu’en bas tout est le miroir d’en haut.

Ensuite, prenez la langue de l’avenir, celle du “ je”, ou du “ ich” et mariez les deux écritures au point qu’elles se confondent, vous aurez le second secret de mon écriture, ce qui fait dire “ je ne comprends pas tout ce qu’elle écrit !” ce qui signifie que le verbe s’élève et prend toute sa signification. C’est là mon second “secret” dans l’écriture, et la mise en bouche est alors souvent difficile, pour le moment. Écrire n’est pas se contenter du présent, c’est se projeter dans l’avenir qui advient, sinon nous restons dans l’auto-satisfaction du petit je qui n’est pas le JE  accompli.

BLJ

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Etat de la poésie aujourd'hui

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

"Le sommeil de saint Pierre" de Giuseppe Antonio PETRINI https://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Antonio_Petrini

au musée du Louvre  : https://www.louvre.fr/

 

J’ai longtemps pensé à écrire un article sur ce qu’est devenue la poésie aujourd’hui, puis faisant des recherches sur sa qualité et son état, sa vie et sa mort lente, j’ai trouvé des écrits de Constant Martha qui en parlent de façon juste. Ecrire un tel article serait alors une pâle copie de ce que C Martha écrivit. C’était en 1866 dans “la revue des deux mondes”. Oui, je dis bien 1866 !

Aussi je n’écrirai pas cet article tel que je souhaitais le rédiger , et si la poésie vous parle un peu, j’espère beaucoup, car il faut dire que de nos jours, tout le monde écrit et plus personne ne lit, se désolant âprement sur le fait de ne pas être lu sans pourtant aller voir ce qu’autre poète peut produire, lequel poète se lamente aussi. Il est sage alors de rétablir la parole avant que de voir cette mort, voire l’agonie de l’écriture poétique.

Je fais parti des rares allant lire tous les autres et principalement la poésie, à défaut de lire du roman contemporain, vide de pensée nourrissante, à mon constat propre, pour avoir tenté souvent  d'entrer dans cette contemporanéïté romancée qui ne me satisfait pas. Je m'y meurre. Mais ! la poésie , ah ! la poésie. Il y a encore bien de vrais poètes même s'ils se sont raréfiés comme neige au soleil.

Cependant, lorsque je lis la poésie moderne, à mes presque deux siècles traversés, je pense que Constant  Martha hurlerait davantage en lisant un poème qui n’en est plus un. Ce que nous lisons aujourd’hui, et qui se dit poème, se résume à une phrase découpée en dits-vers qui n’en sont plus car absence de rimes, absence de forme et même de fond. L'écriture  automatique fleurit bon vent et le public se gausse face à ces non-sens. Certes, cela peut -sembler- ( je dis bien sembler ! ) poétique mais est-ce de la poésie si j’écris :

“J’ai vu un magnifique

oiseau bleu

traverser la lande

à tire d’ailes sur le dos

d’un poisson rouge.“

?

C’est pourtant ce que nous lisons, abondamment, aujourd’hui, sur le web, qui est publié, encensé, adulé comme art. Le lecteur applaudit faute d'avoir eu le goût de l'éducation poétique.

Allons lire ce que disait Constant Martha en 1866..... Oui, la poésie est bien agonisante ! agonisante mais pas défunte puisqu'il y a encore quelques poètes en  les années 2000,  sans pour autant  qu'ils soient lus par le nombre.

"Notre littérature offre depuis quelques années une singularité peut-être unique dans son histoire, et qui est curieuse précisément parce que personne n’y prend garde. La poésie a disparu des lettres françaises, ou du moins tout le monde croit qu’elle a disparu, sans que personne songe à le constater, à s’en affliger. Ce qui nous étonne, ce n’est pas qu’elle nous ait quittés, c’est que le public ne se demande pas même ce qu’elle est devenue, ni si elle est partie pour toujours. Elle ne lui manque pas, il ne la regrette point. Connaissez-vous quelqu’un qui se plaigne de n’avoir plus de vers à lire ? Nous ne dirons pas que le public a pris là-dessus son parti : ce serait faire croire qu’il s’est résigné à une privation. Non, il ignore même que la poésie fait défaut, il n’y a jamais pensé, elle lui est aussi indifférente que pourrait l’être une chose dont on n’a aucune idée et qui n’aurait jamais existé. Celui qui dans un salon s’étonnerait de ce qu’il n’y a plus de poésie en France aurait l’air d’un écolier naïf se plaignant de ce que les arbres ne distillent plus le miel comme au bon temps de l’âge d’or, ou de ce que dans les plaines ne serpentent plus des ruisseaux de lait. On ne manquerait pas de lui répondre : Eh ! quand il y aurait de la poésie, nous ne la lirions pas ; pourquoi donc nous préoccuper de son absence ?"

 "Le Printemps des poètes," créé en 1982, a tenté de la guérir en lui apportant le remède gracieux d'une journée par an pour éveiller les âmes à sa noblesse. Une seule journée semblable à sa Toussaint pour ne pas oublier sa mort et la célébrer à grands coups de pompe florale qu'est sa rime ! Dans ma commune de 3000 âmes, la journée poésie, se résume à quelques enfants accompagnés de leur instituteur collant sur les devantures et de quelques poteaux électriques, des feuilles imprimées de quelques dix poèmes que nul ne lit et que même Baudelaire en aurait eu la nausée de ne pas être clamé sur la place du village. Baudelaire ? Bah ! oui ! lui, car  son nom résonne encore quelque peu en la mémoire de quelques adultes, à défaut d'entendre parler d'Anna de Noailles, de Ronsard, d'André Chénier, de Rumi, de Tagore, Homère, Schiller, Novalis, Christian Morgenstern ou Palladas pour ne citer que ses quelques  nobles noms. 

Et

"L’effacement de la poésie nous a privés du plus beau, du plus légitime, du plus facile moyen d’éducation et d’un aimable enseignement moral. Sans doute il est un âge où l’on peut se passer de poésie, où un esprit formé, un cœur réglé, la gravité des devoirs, les soucis de la vie, nous permettent et nous obligent de ne penser qu’à la réalité ; mais dans la première jeunesse on n’est pas impunément privé de cette distraction élégante et de ce grave plaisir."

dans

https://fr.wikisource.org/wiki/La_Po%C3%A9sie_d%E2%80%99aujourd%E2%80%99hui

http://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/le-poete-lucrece/

Cependant , je m'insurgerai à sa dernière phrase évocatrice de l'abandon de cet enfant qu'est la poésie car la poésie n'est pas l'apanage de l'enfance mais bien d'une vie jusqu'aux confins de notre mort. 

Où sont donc passés les poètes utilisant la rime, le vers compté appris, avant que de s'être laissés aller aux vers libres ? ils existent fort heureusement, mais en une telle minorité que nous ne pouvons que constater que poésie est réellement morte à elle-même.

Aucun éditeur ne prend plus en charge  la poésie et pour cause ! plus de lecteurs ! poésie agonisante !  que même l'éditeur ne la comprend plus. Poètes ? ou se disant comme tels, s'auto-publient à grands coups de finance personnelles, sans oser dire que ce n'est pas de la poésie à compte d'éditeur. Les éditeurs ne prennent plus de risque car il vaut mieux avoir un compte en banque correct que de publier ce qui partira à la benne, l'année achevée. On les comprendra mais... nous regretterons qu'aucun  d'eux ne relève le défi de lui redonner son écriture si belle quand un poète émerge. Et dieu sait, si j'ai lu quelques rares pièces  d'une réelle plastie poétique, narrant encore le monde et l'univers, et entendu une superbe fine bouche la clamer de mises en bouches aisées ou ardues, comme elle dit.

Alors, je me rémémore ce que disait Rudolf Steiner à son sujet et me fais un plaisir de retranscrire sa pensée. C'était en 1915 !

"Alors, le temps viendra où, à nouveau, la création poétique au véritable sens du mot sera présente dans le monde. Jusqu'à un certain point, elle a pris fin. Les rêves divins qu'ont incarnés les poètes authentiques étaient encore les derniers vestiges de l'antique héritage des dieux..... De ces vers tintant à répétition en reproduisant ce que les humains vivent dans le physique, on dira dans un temps qui n'est plus très éloigné : les gens devraient nous laisser tranquilles avec ça.* L"amour, la haine et les joies par lesquels ils passent du matin au soir, c'est leur affaire. ce qu'ils vivent avec les dieux, lorsqu'ils trouvent comment sortir du chemin de l'expérience terrestre, ils nous en parleront dans leurs oeuvres musicales, ils nous en parleront lorsqu'ils  créeront des drames, des oeuvres épiques ou lyriques. Car, nous le savons : tout ce qu' l'être humain peut vivre en liaison avec l'existence extra-terrestre doit être amené sur terre par une activité créatrice  réelle et qui se dégage de la vie quotidienne, par la science de l'Esprit."

dans "L'art à la lumière de la sagesse des mystères" conférence du 30 décembre 1914.

http://www.editions-med-ant.fr/librairie/lart-a-la-lumiere-de-la-sagesse-des-mysteres

* Nous y sommes ! ce n'était donc vraiment pas si lointain que cela mon très cher Rudolf ! oh ! très cher Rudolf !

 

Mahler -- Symphony No. 2 'Auferstehung'

Gertrude Stein, Alice Toklas et Rose d'Aiguy

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

"Gertude Stein" par Pablo Picasso

Ayant habité dans la région du Bugey de 1983 à 1991, j'ai, là, rencontré la mémoire d'un grand écrivain, que la France a reconnu de son vivant, sans avoir travaillé son souvenir au frontispice de ses grands artistes :

Gertrude Stein

" Rose is a rose is a rose is a rose is a rose..."

Rencontrer la mémoire de cette femme qui fut l'amie de Picasso, Jean Cocteau, Matisse, Sergey Prokovief (père), Cézanne, Aragon parmi les artistes de son époque, qui écrivit « Le monde est rond » - conte poétique et philosophique - allait être pour moi un des écrivains incontournables qu'il nous faut absolument lire.

 

 

Rencontrer Gertrude Stein ne se réalisa pas dans une première rencontre avec un de ses livres, mais par le biais de rencontres de personnes qui l'ont connue de son vivant, et d'une rencontre qui ne fut pas des moindres : Rose d'Aiguy pour laquelle Gertrude Stein écrivit « Le monde est rond », et dont le très célèbre vers « Rose is a rose is a rose is a rose à l'infini »,  aujourd'hui "cuisiné à toutes les sauces", sans qu'on n'attribue ce célèbre vers dédié à cette petite fille de 9 ans, a estampillé sa vie d'écrivain-poète dans le Bugey, dans cet autre livre « Sacred Emily ».

J'avais 26 ans en 1985  lorsque Isabelle Didier, critique littéraire du groupe Hersant en résidence à Belley, me présenta Rose d'Aiguy, car tellement en adéquation avec ma poésie, qu'elle pensait que je pouvais être mise en relation avec Rose, la petite fille qui avait tant ému Gertrud Stein, âgée d'environ 55 ans lorsque je la rencontrai en son château de Béon, proche de Culoz.

Je rencontrai alors trois fois Rose d'Aiguy :

  • Rose venue acheter mon livre « Âmes amères » lors d'une journée signature à Belley. J'avais 26 ans. 
  • Rose lors d'un vernissage peinture
  • Rose lors d'un mariage d'amis commun en son château de Béon.

 

Le château de Béon

 

Rose d'Aiguy, enfant à l'âge de neuf ans.

 

D'une timidité inouïe à l'époque, j'avais peu osé parler avec Rose, alors qu'elle tentait moult approches. Je me souviens, cependant, qu'elle me dit que nous étions semblables, et pointant un de ses tableaux accrochés au mur de sa cuisine, une colombe bleue sur un ciel bleu qu'elle avait peint, elle me demanda ce que j'en pensais. Je lui répondis : « Le vent souffle où il veut et tu en entends le bruit mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va.... ». Elle acheva ma phrase

"...Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit."

 

Je la regardai dans les yeux, lui souriant d'un sourire amical de connivence.

Elle me dit encore : « Nous ne nous reverrons pas, Béatrice, et l'esprit étant réincarnation nous nous reverrons... » pourquoi cette sentence ? J'ignorais qu'elle était malade.

J'inclinai la tête, pour la saluer, en guise d'approbation, et de profond respect. Elle savait déjà que la personne avec qui je vivais m'empêcherait de la revoir, lui, estimant que nous étions aussi « folles » l'une que l'autre, avec des pensées pareilles ! ( Annotations personnelles rédigées à l'époque sur mes rencontres avec Rose D'Aiguy  ).

Rose est restée ancrée en mon âme comme un souvenir n'ayant pas vieilli, flottant dans mon aura consciente qui la ramène souvent. Rose est morte deux ans après notre troisième rencontre. Rose d'Aiguy na pas eu le temps de lire ma pièce «  le Génie » qu'Isabelle Didier a continué de porter haut en article journalistique.

Elle m'avait légué cette autre mémoire, celle de Gertrude Stein et d'Alice Toklas par une autre amie commune : Isabelle Roux qui travaillait sur les mémoires de Gertrude Stein dans le Bugey.

 

Qui était cette Gertrude qui avait adoré Rose d'Aiguy au point de lui écrire un conte et de voir un de ses vers devenir le vers le plus connu et le plus emblématique de la poésie ?

Rose n'était pas une fleur... elle était Rose, cette petite fille du village, née D'aiguy-Pierlot de la baronnie Pierlot. Cette Rose que j'ai connue et dont je n'ai pas même de photos.

 

 

Gertrude Stein, naît en Pennsylvanie aux États Unis en 1874 et vient s'installer en France à l'âge de 20 ans. Elle vivra dans notre pays la plus grande partie de sa vie. Elle s'installera principalement dans la région du Bugey, à Belley, Billignin précisément, puis Culoz et Béon. Bien qu'américaine, et ayant vécu à Londres, en Suisse, en Autriche et en Italie, c'est la France qu'elle choisit comme patrie durant trente ans et pour toute culture qu'elle considère comme unique au monde. Pour elle, c'est la France qui est la patrie des artistes, quelque soit leur pays d'origine. C'est à Paris que les artistes se rencontrent. C'est la France qui est la mamelle de l'art. A-t-elle raison ? C'est ce que Gertrude Stein pense.

 

 

Getrude Stein à Virignin Bugey

 

A Belley, cette toute petite ville de l'Ain dans les monts les plus hauts de la chaîne de montagne du Jura, se rencontre toute une intelligentsia Picasso, Daniel-Rops, Paul Claudel, André Breton, Pavel Tchelitchew, Francis Rose, William Cook, Élisabeth de Gramont, Nathalie Barney, Henri Robinson, Luce et Clare Luce, Balthus, Cecil Beaton, Paul Bowles, René Tavernier, Pierre Balmain, Hemingway, Aragon etc.

Hemingway dira de cette génération d'artistes qu'ils sont la "génération perdue", termes que Gertrude Stein s'approprie.

Il faut dire qu'à l'époque, Belley est proche de trente kilomètres de la station sanatoriale d'Hauteville-Lompnes ( prononcez Lompnes en Lônes) et qu'un grand nombre d'artistes se soigne dans les sanatoriums d'Hauteville. Nous savons, tous, que la maladie que fut la tuberculose ou phtisie, dite encore peste blanche au dix-neuvième et début du vingtième siècle, était reconnue comme faisant partie de la personnalité romantique artistique, car presque tous atteint du « mal de vivre » ou spleen profond.

 

Le Modern Hotel à hauteville Lompnes Ain Bugey

https://tuberculosejeanbaptistesay.wordpress.com/2013/02/02/la-phti...

De nombreux artistes, poètes-écrivains essentiellement se soignent sur le plateau bugiste d'Hauteville Lompnes, quand ce n'est pas le plateau d'Assy en Haute Savoie, à quelques 100 kilomètres de là, où un grand nombre d'artistes séjournera également. Il est donc tout naturel que Gertrud Stein se fasse l'hôte des artistes atteints de la maladie, tout en étant avec ses deux frères, venus vivre également à Paris, les mécènes de Picasso, de Cézanne, de Matisse. Gertrude Stein entretiendra une relation étroite avec Picasso dont celui-ci dira d'elle dans la grande amitié qui les noue ce jugement sans équivoque : « Miss Stein était antipathique, excentrique, méchante, intelligente, pleine d'humour libre et franchement laide. » Picasso ira si loin dans le sarcasme qu'elle aurait pu en être blessée, mais ne le fut jamais, se satisfaisant de sa seule gloire d'avoir mis un peintre au monde : Picasso. 

Picasso dira que c'était de l'humour, mais le sarcasme est-il humour ? Elle, elle se fichait de ce qu'il disait d'elle, tellement heureuse d'avoir mis un génie de la peinture au monde. Est-ce parce que ce fut elle et pas un autre qui le plaça comme phare de la peinture qu'il l'agressa verbalement avec tant de véhémence, malgré des décennies d'amitié ? La mémoire des habitants du Bugey ont rédigé un tout autre portrait de cette femme ouverte, toujours à recevoir et prête à aider. Mâchait-elle ses mots ? Non ! Entière ! l'attribut de méchante où d'antipathique ne peut que convenir qu'à ceux qui se sentent offensés dès lors qu'il y a de la franchise. C'est ainsi que Rose me l'a décrivit, et il faut dire que Rose avait beaucoup pris de la personnalité de cette Gertrude qu'elle admirait au point de lui ressembler.

Peinte par Christian Bérard, Marie Laurencin, Francis Picabia, Pablo Picasso, Tal Coat, Félix Vallotton, sculptée par Jo Davidson, Jacques Lipschitz, photographiée par Cecil Beaton, Carl Van Vechten, Man Ray, habillée par Pierre Balmain et Alice Toklas (sa compagne et amante)( nous reviendrons sur Alice Toklas ), mise en musique par Léonard Bernstein, Paul Bowles, Al Carminé, Ned Rorem, Virgil Thomson...tous les artistes de sa période de vie, citée par tous et lue par si peu de gens, telle est la fatalité de Gertrude Stein, cette grande inconnue d'aujourd'hui dont il se disait que la lecture était âpre et que pourtant les éditeurs ne voulaient pas voir publier ailleurs que chez eux. C'est que Gertrude Stein est d'une écriture avant-gardiste qui n'a pas encore révélé tout son mystère. Elle sera classifiée dans le mouvement surréaliste mais l'était-elle ?

 

 

Elle écrira dans ses mémoires :

 

« […] Je rentrais à Paris, après ces longues années passées dans une petite campagne, et j'ai eu besoin d'un jeune peintre, un jeune peintre qui m'éveillerait. Paris était merveilleux, mais où était le jeune peintre ? Je regardais partout : mes contemporains et leurs suivants jusqu'au dernier. Je me suis promenée beaucoup, j'ai regardé partout, dans toutes les boutiques de peinture, mais le jeune peintre n'y était pas. […] Pas un jeune peintre ! Un jour, au tournant d'une rue, dans une de ces petites rues de mon quartier, j'ai vu un homme faisant de la peinture. Je le regarde, lui et son tableau, comme je regarde toujours ceux qui font quelque chose, et j'étais émue. Oui, un jeune peintre ! Nous commençons à parler […]. Son histoire était la triste histoire des jeunes de notre temps. Un jeune Espagnol qui étudiait aux Beaux-Arts à Barcelone : la guerre civile, exil, camp de concentration, évasion, Gestapo, encore prison, encore évasion… Huit ans perdus ! S'ils étaient perdus, qui sait ? Et maintenant un peu de misère, mais quand même la peinture. Pourquoi ai-je trouvé que c'était lui le jeune peintre, pourquoi ? Je suis allée voir ses dessins, sa peinture : nous parlons. […] Et maintenant voilà, je trouve un jeune peintre qui ne suit pas la tendance […] C'est Francisco Riba Rovira. »

 

https://www.franceculture.fr/peinture/gertrude-stein-laudacieuse

 

Féministe sans ambiguité et acceptée par tous pour sa différence -elle était lesbienne- aurait-elle aidé Camille Claudel si elle avait su ce que Paul Claudel, avait fait à sa soeur  ? Elle  fréquentait l'écrivain , avec assiduité, Paul Claudel venant régulièrement dans le Bugey car il avait une propriété dans le Bugey, non loin de chez elle.

 

Avec Alice Toklas à Paris

 

Elle vit avec Alice Toklas, autre féministe, écrivain américain. Toutes deux sont juives, d'où leur décision de s'installer dans le Bugey pour fuir les persécutions de la seconde guerre mondiale. Pourtant le Bugey ne sera pas exempt des persécutions à l'encontre de la population Juive. Ses forêts immenses, ses montagnes abritent un maquis imposant. Les nourrices d'enfants et les sanatoriums abriteront les mères et enfants juifs sous prétexte de tuberculose flambante par la volonté sans faille de sauver ces enfants. C'estr le docteur Dumarest d'HAUTEVILLE LOMPNES qui assurera ce vaste sauvetage à l'aide des nourrices, des infirmières et des médecins du plateau d'Hauteville.

Ajoutons que Gertrude Stein échappa au camp de la mort sur le "triple crime" dont elle était l'expression aux yeux des nazis – juive, artiste et lesbienne-. Artiste ? Serait-ce là la raison de son écriture jugée énigmatique ?

Gertrude Stein meurt en 1946 d'un cancer de l'estomac et est inhumée au cimetière du Père Lachaise à Paris.

 

lettre de Picasso à Gertrude Stein

Alice Toklas naît en 1877 à San Franscisco , issue d'une famille de la bourgeoisie juive d'origine polonaise, elle s'installe en France à 20 ans, suivant de près le parcours de Gertrude Stein qu'elle rencontre à Paris en 1907 avec laquelle elle fonde un salon des écrivains au 27 rue de Fleurus. Elle était écrivain mémorialiste, journaliste. Elle se convertit au catholicisme sur la fin de sa vie. Elle meurt en 1967 à Paris.

Elle est donc l'« épouse » de Gertrude Stein.

A lire l'excellent livre écrit par Dominique Saint Pierre originaire de Belley : «  Gertrude Stein, le Bugey, la guerre. »

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Parutions originales ( issu de Wikipédia )

 

  • Dix Portraits, (trad. Georges Hugnet et Virgil Thomson, La Montagne, 1930; Deux Temps Tierce, 1991.

  • Américains d’Amérique, Paris, Stock, 1933 (trad. Bernard Faÿ); 1972.

  • Picasso, (ouvrage écrit en français), Paris, Floury, 1938 ; Paris, Christian Bourgois, 1978; 2006.

  • Paris France, Charlot, 1941.

  • Petits poèmes, pour un livre de lecture, Charlot, 1944.

  • À la recherche d'un jeune peintre, Francisco Riba-Rovira, Paris, Revue Fontaine, n° 42, Paris, 1945, p. 287-288.

  • Autobiographies, Lyon, Confluences, 1945.

  • Brewsie and Willie, Morihien, 1947; Paris, Rivages, 1990.

  • Les Guerres que j’ai vues, Charlot, 1947.

  • Trois vies, Paris, Gallimard, 1954 ; rééd., Paris, Gallimard, 1981, coll. "L’imaginaire".

  • Gertrude Stein, numéro spécial Luna-Park no 4 / [Cahiers du Grif], [Transédition], 1978.

  • Autobiographie d’Alice Toklas, (trad. Bernard Faÿ), Paris, Mazenod, 1965; Paris, Gallimard, 1973; Paris, Gallimard, 1980, coll. "L’imaginaire".

  • Autobiographie de tout le monde, Paris, Le Seuil, 1978.

  • L’Histoire géographique de l’Amérique ou la relation de la nature humaine avec l’esprit humain, Paris, Christian Bourgois, 1978.

  • Ida, (trad. Daniel Mauroc), Paris, Le Seuil, 1978, coll. "Fiction & Cie".

  • Lectures en Amérique, Paris, Christian Bourgois, 1978.

  • Du sang sur le sol de la salle à manger, Paris, Christian Bourgois, 1984.

  • La Terre est ronde, (trad. Marc Dachy), Transédition, 1984.

  • Une pièce circulaire, Traversière, 1985.

  • Q.E.D. Les choses comme elles sont, (trad. Michèle Causse), Paris/Montréal, Vlasta/Remue Ménage, 1986.

  • Interview transatlantique, (trad. Marc Dachy), Transédition, 1987.

  • Le monde est rond, (trad. Françoise Collin et Pierre Taminiaux, Paris, Tierce, 1984 ; Paris, Le Seuil, 1991 ; esperluète éditions (Noville-sur-Mehaigne, Belgique), 2011 (édition bilingue).

  • Poèmes, Textuel, « L’œil du poète », 1999.

  • Strophes en méditation, Romainville, Al Dante, 2005.

  • Tendres Boutons, Caen, Nous, 2005.

  • Flirter au Bon Marché, (trad. Jean Pavans), Paris, Phébus, 2008.

  • Henry James, (précédé de Shakespeare, par Henry James), (trad. Jean Pavans), Paris, Phébus, 2008.

  • Willie est Willie, Noville-sur-Mehaigne, Belgique, L'Esperluète, 2010.

Gertrude Stein a écrit des livrets d'opéra pour le compositeur Virgil Thomson.

 

Merci Rose.

 

(article repris d'un ancien blog à mon nom sur A et L )

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/gertrude-stein-alice-toklas-et-rose-d-aiguy

Gertrude Stein en 1934

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La nature de l'oeil dans le dessin

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Pastel sec BLJ pour étude

L'oeil est fait pour refléter son environnement dans le "voir" et son environnement est la terre, d'où les lumières vivantes. Qu'il soit bleu, noisette, vert, sombre, il est la lumière parce qu'il parle de la lumière et je le dessine, quelque soit sa couleur, toujours avec cette image terrestre... et les couleurs de l'environnement imaginé, supposé, si je ne le connais pas, même si ce ne sont que trois points. je ne dessine donc pas la structure de l'oeil comme il est habituel de le faire avec ses stries, ses rayons étoilés, mais avec la "conscience de l'oeil". Je vais paufiner cette méthode, ce travail.

Si l'oeil reflète la terre, il compte forcément toutes ses couleurs qu'il soit noisette, bleu, vert : eau, terre, nature.

Je me sers de l'éclairage de la lumière par transparence, généralemnt devant une lampe à sel,  pour équilibrer les couleurs et les blancs car il doit pouvoir aussi révéler la nature du soleil dans ses tons or ; c'est tout cela qui ne se voit pas dans un dessin portrait à plat mais qui est travaillé et donne le sentiment qu'il est vivant alors qu'il n'est que dessin.
Je me suis dit au départ que si je travaillais la pupille selon sa structure anatomique, je m'éloignais de la vérité de l'oeil, ; qu'il me fallait donc comprendre comment lui donner vie tel on le voit chez quelqu'un que nous rencontrons. C'est là que je me suis dit que j'allais essayé de le dessiner comme s'il était le globe terrestre en mouvement.

Globe terrestre en mouvement dans son mouvement spiralé et cosmos reflété.

Un iris,une pupille, un globe occulaire, c'est petit mais il contient tout ça.

Un portrait est vivant parce qu'on y dessine des yeux vivants, c'est à dire que nous y mettons aussi la présence perceptible de l'âme et de l'Esprit , parce que l'artiste ne doute pas de ces deux Présences en l'Être , alors là commence la présence dans la réalisation du portrait.

Nous sommes en conséquence dans l'expression vivante de la Naturphilosophie.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Naturphilosophie

BLJ

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