à son saint Roy
Fuyez ombres d'étranglements sans traces
Qu'en vos mains rien ne dérange, à mon âme si lasse,
Qu'aux rênes des harnais tenus sans vergetures,
Mes mains souffrent de plus de talents que de pâture !
Mon cheval est allé par mille terres guerroyer,
Aux armures lourdes chevauchées l'épée a tournoyé.
Dans l'air des salves au feu grégeois, ma tente a flambé.
Nous n'avions rien vu de tel au feu des enjambées.
Des jours de lutte, aux blessures frappées dans le sable,
J'ai combattu l'hydre, l'âme plus armurée que mon râble ;
Pugnace et sans peur, j'ai lutté contre l'oiseau noir,
Quand notre ciel s'obscurcit en ce terrible soir.
Pour Lui, mon Roy, au manteau bleu azur du lys,
J'ai arpenté les déserts, pris la route depuis Senlis ;
Aux sables riches de vipères rampantes,
J'ai levé le mord de mes juments titubantes.

Le désert a assailli le camp, et le camp a sombré.
Blessé, j'ai pansé mon cheval avant mes côtes fêlées,
Bien que mon surcôt finement tissé d'or et de bleu roi,
Sous la cotte de mailles argentée ait été lourd en poids.

Lui et moi au cachot, sous un ciel de tempérance,
J'ai mandé le coffre du saint trésor pour sa délivrance.
Respectés des Sarrasins pour un tel amour sans faille,
Toujours, fûmes reçus en rois, jamais en parias de mailles.
Il était beau ; il était grand, la chaîne fine des flagellations
Accrochée à sa main ivoire, il pensait mériter cette punition.
Quand au cachot, sans titre et la robe de lin reconnue,
Il essuya mes plaies d'un pan de sa chainse tenue.
Quand au retour, la nef Montjoie nous portât religieux,
Portant le souvenir de la sainte ceinture de Dieu,
Chacun, silencieux, sur mer houleuse, priait cette offrande,
Avec Marguerite portant l'enfant que Blanche ne connut pas.
Dans la nef de la cathédrale de Sens, porteurs sacrés et adoubés,
De la vénérée église de Villeneuve l'Archevêque, parée d'abbés,
Je vécus avec lui la lumière des très saints vœux réalisés,
Remontant l'Yonne* vers la belle Lutèce adorée, sous les alizés.
Jehan n'en a jamais rien dit, l'obligé humilité à ses deux rois*.
Aux rênes des harnais, ayant arraché la peau sous nos soies,
Aux chevaux, noble amis, arrachés à nos amours par les lances,
J'attends encore mon cheval, car rien ne ramènera sa vaillance !

Reconstitution de l'armure et des armoiries de Sire Jean de Joinville à l'auditoire de Joinville Haute Marne
* Deux rois : Louis et le Christ
*Pourquoi l'Yonne et non la Seine ? parce que tous ces lieux longent la rivière d'Yonne et que nous savons maintenant grâce aux images satellite que c'est réellement l'Yonne qui coule à Paris. La Seine étant une appelation contrôlée, le doux nom de Seine est resté.

La ville de Joinville, Haute Marne, possède depuis le XIIIème siècle, en l'église de Notre-Dame, un véritable trésor, la Sainte Ceinture Saint Joseph, qui fut ramenée de la Croisade par Saint Louis et donnée au Sire de Joinville, Jean.
http://www.ecrivains-haute-marne.com/route_70.php
https://books.google.fr/books?id=e5h3kv_lAHYC&pg=PA78&hl=fr&source=gbs_toc_r&cad=4#v=onepage&q&f=false
Peinture du peintre Rassouli
http://www.rassouli.com/bio.htm
http://www.rassouli.com/galleries.htm
Le sommeil semblait lourd.
La nuit dormait aux astres assoupis,
Quand je me vis voler
Au lointain de mes pensées,
Aux pensées de vie m'habiller,
Telle une étoile.
Là,
En promenade,
Dans la magnifique contrée astrale,
Et au-delà,
Volant vite,
Je fredonnai, consciente,
Mes imperfections,
Ma volonté,
L'Amour,
Les ayant sous les bras
Comme un bagage offert.
Sous les pieds des ondes,
Je ne vis ni Anges en repli,
Ni de célestes étoiles
Sous leur firmament ondulant;
Ni Archanges,
Ni Archés aux doux tremplins
D'une espérance en devenir,
Que les ailes de tous créaient mon chemin,
Me laissant libre d'être.
Seule la lumière volait
Tout alentour,
Engrangeant mes demandes,
Accomplissant le pardon des voeux,
Soumis aux aléas du temps.
Je volais seule,
Dans la lumière rafraîchissante,
Aux déliés des pensées.
La lumière s'écarta,
S'habita de Son Être qui me reçut,
Me regardant avec amour ,
Offrant l'amour, le déversant .
J'étais dedans,
Une fois encore,
Consciente de son être,
Quand Il apparut pleinement,
Le sourire du Père qui aime,
Le Dieu des destinées qui le choisissent,
Le Dieu fait homme.
Que ma mémoire à ses paroles
N'enleva pas la joie,
La joie immense d'être consolée,
D'être regardée.
Je comprenais:
"Tu as vu l'autre, et tu lui as dit non !
Tu as choisi et tu as souffert,
Je te reconnais, Viens !
A la Rose tu as reconnu le levain
Des pistils au calice.
Et, aux épines
Que le venin du serpent
Sous sa gorge terrible,
Aux mots enjoliveurs,
T'ont défiée,
Un soir de pleine lune,
Tentatrice puis en attaque
Tu dis non !"
La lumière
Et son Être disparurent,
Me laissant au réveil,
Du sommeil
Comme d'un sommeil
Qui n'était que légèreté,
D'où le voile était levé.
Je L'avais revu;
Il consolida mes étaits.
J'avais volé si haut que Le voir ,
Le vivre dans cet immense amour,
Qui n'a pas de verbes
Pour décrire la puissance du Verbe
Me fut la merveilleuse confirmation
Dans le bâptème renouvelé.
Il me dit:
"A quoi me reconnaîtras-tu
Quand du soleil, tu ne seras pas loin ,
De Ma Face et de celle de l'ange de lumière?"
Je répondis:
" Au Christ Roi seul
Appartient l"amour
Dans la lumière ."
Il me dit :
" Tu as pensé Mon Union,
À la terre, au Dieu morcelé,
Tu as reconnu mon double sacrifice"
Je répondis:
" Il ne peut y avoir eu le sacrifice du Père
Sans que le Fils ne lui rende hommage;
À chaque brin de Nature qui L'habite,
Tu l'as rejoint Le faisant Ton corps,
Né de l'Esprit engendré par le Père,
Tu as voulu rédempter,
Non seulement l'Homme,
Mais Ton Père sacrifié dan sa création !
C'est tout cela la vérité du Graal
Que les Hommes ignorent ."
Photo http://onditmedievalpasmoyenageux.fr/france-culture-et-les-vitraux-...
Je rêve d'un tableau pareil à un vitrail,
N'aime que la sensibilité des rosaces,
Pas à pas, aime la rose des charpentiers,
Votre songe quand perce l'artisan verrier,
Poésie, Ô, tristesse qui, tous, nous enlace !
Gentes, flânerez-vous à nos funérailles ?
Ce n'est rien qu'une cathédrale de dentelle,
N'est certes pas une abbatiale, hélas !
Pas même une abbaye forte de moniales
De tant d'âmes en son temple collégial
La nuit des hivers longs des époques d'audace !
Poésie sera le linceul de nos autels.
C'est une simple verrière bravant le temps,
De la nuit perdue, la lune noire guidée,
La lumière franchit le cristal ceint d'étain,
Pauvreté du fer contre l'étain des voûtains !
Sans ennui, ils ont écrit l'histoire jaspée,
Valeur éternelle que rien n'éteindra plus des ans.
Vous taillez un lierre sur un morceau de mur,
Vous sculptez une gargouille dans la toile sur une tour,
Gaussez-vous d'un rire contre Quasimodo*,
Fiers d' Esméralda* que défend Hugo
De tant de sources vives pour les fous du jour !
Vous dansez pour Phébus* qui dévoile son armure.
L'orgueil n'avait que la pupille de Frolo*,
N'a jamais aimé son héroïne défunte,
Pas que je sache des pages lues par milliers
De "L'homme qui rit"* aux "Misérables"* souliers,
Limite sans apogée d'un âge d'étreinte !
Gentes ! Fantine* est repartie au tombeau.
Vous dormez sous le porche, proche du transept,
Avez cru en vos sainteté sans couronnes,
Censurés par le clergé noir lors nos Noëls;
Mon âme a pleuré, peinée, avec Michaël.
Aurore, Ô mon âme absolue et polychrome,
Flamboyante, brûlant tel le feu des adeptes.
Vous taillez un lierre sur une sombre grotte,
Vous sculptez une gargouille dans la toile sur une tour,
Cachez dans la rondeur de l'abside, le saint,
Derrière les vitraux vous masquez le dédain,
L'effronterie étourdie qui rien ne secourt.
Souverain ! l'êtes-vous ? Et triste, Valjean* sanglote.
Compagnon ne taillera plus jamais la pierre,
Vous ne la sonderez plus avec le compas,
Protège les poètes et les ménestrels,
Bâté des pas de géant qu'a fait l'Eternel,
Vos songes nantis sur le parvis du trépas,
Colères floues, pour toujours, être relié à la terre.
Contre les joues des nations humbles qui pleurent,
Les notables gravent le malheur pour la terre,
Membres meurtris, ils héritent de l'excellence,
Laissant aux cathédrales le gain de l'absence,
Admettre enfin que Dieu n'est que votre Ange salutaire
Que vos mépris cachent aux pensées et à leur valeur.
Vous cheminez vers le vide, heureux du silence,
Êtes glacés quand houle frappe nos oreilles
Attaquées par le bruit que font les assemblées,
Par le chaos des gains au banc des accusés,
Les gouvernements sourds aux voeux du soleil !
Artiste quand l'âme parle de somnolence !
Alors, vient, à grandes foulées, la noirceur
Que le ciel bleu accorde aux multitudes sombres.
Vous dormez encore, l'inconscience vaste,
Êtes fardés de nonchalance quand néfaste,
L'attaquant, de l'ouest saisit les rênes d'ombre.
C'est prononcé pour être entendu à cette heure.

* "L'homme qui rit" et "Les Misérables" oeuvres de Victor Hugo
LES OISEAUX DE L'HIVER
tous tableaux de http://licornamuseum.over-blog.com/1965/06/nizovtsev-viktor-1965.html
http://www.mcbridegallery.com/nizovtsev.html
Bientôt, nous reverrons les soleils flamboyants
Qu'hivers enfantent, en prenant leur temps,
Et de février, qu'arbres alanguis attendent,
Les joyaux de l'été préparent leurs offrandes.
Rien ne ressemble plus aux ténèbres, rien !
Que mars a voulu sans discorde, ni vêpres ; rien !
Quand de nos pas nous avons foulé son sol,
Nous, les égarés insensés, enfin voyons les lucioles !
Février rend à l'hiver le cœur de son règne,
Honorant sa parole d'une plume de paon qui se baigne.
Un nuage grisé-bleu se dissout sans laisser d'ombre
Et dans sa lumière, nous révèle sa pénombre.
Être au cœur de sa royauté ! Vivre au Panthéon !
Sur son trône puissant, il va de claires visions
Que les oiseaux absorbent du vert rameau,
Révélant enfin le secret des blancs manteaux.

Âmes délaissées, promeneurs livides, badauds !
Que ne voyez-vous la parure des blancs crédos
Que ruisseaux chantent, soirs et matins, nuits et jours,
Sans lassitude, sans trahison aux ailes de leurs atours.
Et février a murmuré à l'hiver, son solstice accompli,
Et février a dit à la colombe de commencer son nid.
Sans témoin, sinon le temps qui le secourt sous sa terre,
Il a dit sa flamme vive, son solstice d'été dans l'éther !
Quand l'hiver est venu, sombre, pourtant de lumière,
Quel oiseau a chanté la naissance de sa neige ouvrière ?
A-t-il manqué de grains que ciel offre en abondance ?
A-t-il cessé de fredonner les levers du matin d'alliance ?

Vous dirais-je l'heure de leur plain-chant dans la nuit
Quand toujours abrités de soleil, ils chantent à minuit,
Et qu'au Phoenix ils inclinent solennellement la tête
Une heure avant que l'émeraude ourle l'horizon des poètes ?
Et le vent a pris sa trompette pour jouer son février.
Aux langueurs des retours du printemps des fées,
Il a entamé la symphonie des seuils mesurés
Que les arbres ont vu de leurs bras levés, transfigurés.
Que viennent les soleils flamboyants, demain, signes,
Parce que je les aurais vus portés par les blancs cygnes
Qui auront reçu la métamorphose d'un des leurs en Phoenix.
Et février adore ses étoiles pour la venue de son hélix.
Et la mort que l'hiver aimerait faire croire outrage et abus
N'est plus qu'une confusion qu'hommes n'ont pas crue,
Car de parole d'oiseau en plein vol, l'ange a bu la vie
Sans qu'un battement d'ailes n'ait révélé sa philosophie.

Bénissons maître hiver qui point n'a de grisaille,
Quand son froid enveloppe nos étés d'épousailles !
Sans hiver, point d'été ; sans été, point d'hiver !
Comme j'aime février annonçant le chant des piverts !
Les oiseaux de février s'en sont doucement allés,
Libres dans le vent, libres dans le bois de nos allées ,
Laissant leurs vols aux branches que le temps broie,
Sans que bourgeons n'aient à souffrir du froid.

LES OISEAUX DE PÂQUES
Les oiseaux de mars ont vu les abeilles se réveiller
Quand d'avril, ils ont rappelé à la vie les fleurs de cerisiers.
Naître ! des saisons pour aimer à l'infini le printemps !
Mars n'a pas fait ombrage à l'hiver, ni au temps.
Voilà qu'ils sont à l'âme la fleur des renouveaux !
Voilà que la terre s'éveille au printemps des oiseaux !
Voilà que le ciel dit au monde sa ferveur des nuances !
Voilà le chant de la terre que le soleil crée de confiance !
Il n'y eut que la chrysalide des papillons pour bénir.
Éclosion des verts babils au chœur des natures ! Éblouir !
Les oiseaux d'avril ont reçu, des ailes de l'hiver,
Le sein des étoiles qui n'a pas eu à rougir du calvaire.
Les bras pleins des bouquets qui adviennent, recueillis,
Parce que seuls les oiseaux parlent la langue de l'Esprit,
Ils ont témoigné des ruisseaux désaltérant les cœurs ouverts,
Quand la terre engrange la chaleur de la vie. Et roses révèlent l'hiver !

La mélodie naît des oiseaux quand encore mai se terre,
Ne révélant des lèvres que ses célestes mystères,
Quand le roulis des pierres sous le ruisseau chante l'ombe,
Des gaîtés ardentes, adorant du chant, sa colombe.
Dort ma terre ! au grand repos se sacrifie l'été
Que les oiseaux de l'an révèlent à mots cachés.
Lève-toi ma terre ! au grand lever des naissances
Que mai apprend de ses plumes, je suis l'encens.
Et si au matin du terrible crépuscule dans la nuit,
J'ai levé le voile des cauchemars pour sa vie,
Il s'est évanoui pour regarder l'Amour.
Je me suis relevée à la volonté des oiseaux à l'entour.
Couchée, glacée du soir au matin, tout le jour,
Inanimée, la vie inhabitée, sans grâce, ni secours,
J'ai adoré les oiseaux, et les anges ont étendu leurs ailes,
Assurés du beau retour qu'ils ont remis entre mes mains.

J'ai parlé la langue des oiseaux, les mains en offrande,
Le cœur offert à la blancheur du cygne que veut le goéland,
Éloignant le dernier soupir pour, à nouveau, son inspir
Qu'elle a revêtu de sa coiffe à la lumière sans mourir.
Elle a, alors, écrit en lettres de feu le langage des Anges,
Elle, elle qui les a priés toute sa vie, les devinant partage,
Sans qu'elle ne les ai vus recueillis par-dessus sa tête couronnée
Et cependant nimbée de lumière que mai a dessiné du Fils né.
Les oiseaux de Pâques ont révélé, du chant le plus mélodieux,
Toute la sagesse antique transformée par le suaire-Dieu
Que Gaïa aime pour son saint Graal établi à jamais.
Ainsi parlent les oiseaux en ciel blond de mai.

tableau d'Emma Harrisson
LES OISEAUX DU PRINTEMPS
Les hirondelles de mai ont bâti leur maison de paille,
Les plumes frissonnantes, l'or dans les yeux en intailles.
Je me souviens encore de leurs regards de miel,
Au mien, dévoués, leur duvet pour ma capeline de ciel.
Dans leur nid je repose, sculptant la blanche rose
Qu'élisant hôtesse de leur prose, je marie et arrose.
Elles ont appelé les oiseaux de juin qu'aime avril.
Ils m'ont trouvé mignonne en leur nid théophile.
Je leur ai dit « Si Richard vous aimez de Parsifal,
Si frémir de notes à l'abri de ma mémoire triomphale,
Si des heures de joie et de prière, vous m'adorez,
Je ferai de votre demeure, mon salon épistolier.
Vos maisons tressées d'amour seront ma voie
Que larmes ne terniront pas en notre joie.
L'une d'elle, riche d'airelles rouges cueillies,
Offre son duvet à mon entendement embelli.

Il laisse son chant clamer la symphonie des flûtes et des violons,
Il répond du chant le plus mélodieux aux vallons :
« Si de nos regards d'oiseaux heureux en plein vol,
Tu prends le ciel éclatant en nos ailes bénévoles,
Si à nos petits, tu offres l'abondance du petit grain
Et du vermisseau, que Dieu conçoit, aime le levain,
Tu embrasses le cœur du rayon qui brille dans le don
Et t'offrons d'abri, nos nids d'éteule pour pardon.

Es-tu assez sage pour habiter notre lit de chaume ?
Douce pour adorer les lèvres du soleil qui embaument ?
Nous secourent, en nos becs acérés, la justice,
Qu'avec la colombe d'avril berçons d'accueil au calice ?
Ô fruit des bâtisseurs qui t'observe de notre fenêtre
Soit le vol des jours vers nos ailes mi-ciel, mi-terrestres !
- Mais quelle fenêtre à ma noble voix, amie,
Si nous ne partageons ensemble le même abri ?
Une seule vitre de lumière nous sépare.
Je ne sais qui de nous a choisi l'autre et le prépare,
Vous, dans votre certitude que je vous aime de vérités
Où moi dans l'évidence que vous m'aimez de sincérité ?
Nous t'avons abandonné à la rose, et la rose te choisit.
Sois digne car nulle rose n'aime la flagornerie. »
Petites hirondelles naissent des amours du ciel
Qu'esprit berce ; et leur mère les donne, providentielles.
Dans mon logis, elles peuvent s'y blottir, confiantes.
J'entends le chant des hirondelles en louanges riantes,
Que l'éclat de l'amour à ma fenêtre abrite.
Proches des hommes, leur symphonie palpite.
Les hirondelles de mai ont dit aux oiseaux de Pâques
De bénir la rose déposée à mes pieds, pour la saint Jacques.
Elles ont écrit en lettres de feu le langage des Anges,
Elles, qui les ont priés toute leur vie, les devinant partage.
M'ont-elles vu recueillie au-dessus de leurs têtes couronnées
Nimbées de lumière que mai dessine de son Fils né ?
Les oiseaux ont révélé du chant le plus mélodieux,
Toute la sagesse antique transformée par le suaire-Dieu.
Noble cadeau de la vie à mes tristesses sans fin
Lorsqu'elles observent de ma mélancolie, son parfum.
L'une, missionnaire, cogne de son bec à ma vitre
Et soupire de ne me voir lever les yeux de mon pupitre.
Au-dessus des nuages, des pluies, des saules élégants,
Elles virevoltent, papillonnent, psalmodient, céans,
L'air des dimanches que messe, avec pudeur,
Me raconte dans mes os meurtris des durs labeurs.
Me donnent-elles le courage, quand vacillante,
Amicales à mon âme sacrifiée, elles chantent,
Que leur fidèle présence m'est un doux serment.
« Souviens-toi ! » disent-elles à l'heure du tourment.
Petit bec cogne encore et encore à ma vitre vagabonde,
Réclamant ma vaillance jusqu'à ce que je réponde.
Et que vois-je ? Hirondelles à mon regard damassé,
Plantant l'aiguille du courage en mon corps lassé.

LES OISEAUX DE L'ETE
Vont-elles exhorter les cygnes quand priant d'amour
Elles me tissent un lit de plumes de leur sourire à l'entour,
Et que derrière écueils acérés et vastes soupirs,
Elles filent de laurier la vie et la nimbe d'un demi-soupir.
Heureuses sont-elles de toujours me troubler d'ellipses
Quand ma plénitude déserte, quand ma joie s'éclipse,
Quand rêverie me faiblit, quand spleen m'endolorit,
Ce qu'à Weimar j'ai laissé de beautés et d'harmonie.
Oh ! m'offrez-vous les fleurs et les épis de la vie
Que j'invite encore tout le prestige des lys sur l'Ilm
Que mes cygnes aux rives de ma rivière ondulante
Chantent avec elles l'incroyable guérison sibilante!

Cygnes s'étourdissent à danser avec les gorge-bleus
Par delà les étoiles, par delà les nues bleues,
Prenant de mes hirondelles l'habit sombre des jours
Qui ont trouvé en mes belles-de-jour, l'amour.
Oh ! que je voudrais être leur vol léger à ma lèvre
Qui de rien ne se soucie quand l'épi de seigle se lève,
Quand mes chats à ma fenêtre guettent leur vol épris
Que jamais elles ne craignent pour rester mes amies.
Souvent hirondelles, à ma fenêtre se lèvent
Dansant chorégraphies que mes cygnes rêvent.
Aux berges de ma rivière d'Yonne se relèvent
Dansant les renouveaux que mes vies réclament d'Eve.

LES OISEAUX D'AUTOMNE
Puis les oiseaux de l'été ont joyeusement déserté,
Laissant tristes ma maison et mes fenêtres,
Inoccupées, abandonnées, le chant inhabité,
Me sacrifiant orpheline à leurs belles-lettres.,
Ils sont partis. Ont-ils frappé, hier, au carreau
Que leur au-revoir mélancolique m'a blessé,
Et de leurs ailes revêtues de noirs boléros,
M'ont dit leur long voyage vers le retour de l'été.
Est-il plus céleste accord que l'adieu d'une plume
Qui, laissant sa plainte sur la margelle blanche,
Clame sa félicité d'avoir eu pour amie la brume
Au matin du grand partir pour une âme franche ?
Est-il plus amère chanson que l'oiseau envolé
Qui, clamant son retour après l'hiver achevé,
N'est pas assuré de nous revoir, son vol inachevé,
Comme d'une volonté d'offrir encore son ballet ?
De leurs petits becs, de leurs beaux yeux de jais,
Ils ont supplié de leur mémoire ancrée à ma vitre,
Le geste du gardien à leurs nids de terre douillets
Toute la joie de l'attente des nuits à mon pupitre.
Les oiseaux de l'été ont laissé leurs maisons tristes
Et désertes sous les pluies balayant leurs duvets
Que mes doigts ont caressés, quand mélodistes,
Ils ont crié leur exode dans les étoiles bleutées.
TOUS AUTRES TABLEAUX de VICTOR NIZOVTSEV. PEINTRE RUSSE