Béatrice Lukomski-Joly


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Je vous souhaite, jours et nuits...

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Toutes illustrations de David Newbatt

https://davidnewbatt.com/2020/12/13/the-archangels/

 

Je vous souhaite jours et nuits

le ruissellement de l’Amour du Monde

en vos âmes nées du Logos au Minuit des Mondes,

sacrifice de la Liberté en Sa cérémonie.

 

Je vous souhaite jours et nuits

la beauté de l’Univers en vos cœurs éclairés

en la fin des Ténèbres par la Lumière supportées.

Jours et nuit, je vous souhaite l’harmonie.

 

Je vous souhaite jours et nuits

la rémission des fautes que la première nuit

sur Elle emporte de joie dans l’infini ;

uniquement cette première nuit.

 

 

Je vous souhaite jours et nuits

la grâce des Anges nous regardant en ce matin,

des Archanges, des Séraphins, des Chérubins,

et de toutes divines hiérarchies.

 

Je vous souhaite jours et nuits

la naissance en nos esprits de Leurs prières,

agenouillés devant Père et Fils solaires,

couronnant nos chevelures d’or de leur appui.

 

Je vous souhaite jours et nuits

la pitié, la compassion, la joie et l’Amour,

sur tous les hommes depuis le premier jour,

nés du Verbe, qu’ils soient ténèbres ou lumière.

 

Car c’est du jour, car c’est de la nuit,

que sont nés les hommes-liberté, leurs roses joyeuses,

en Leur volonté sublime et mystérieuse

remise entre nos frêles mains fleuries.

 

Le cloître des roses

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TOUTES PHOTOS PERSONNELLES : fleurs de mon jardin

 

Dans la nuit éclairée par un clair de lune d'hiver,

Je me suis promené. L'heure était fort tardive.

Habillé d 'une simple redingote et d'un pull-over,

Le mocassin traînait la semelle sur la terre gélive.

 

Transi comme on peut l'être une nuit d'hiver,

Les pas arpentant la froidure, la tête enrobée de gel,

Je marchais comme on peut marcher sur du verre.

Quand glace et flocons crissants de pas de danse irréels,

S'amarrèrent à l'herbe emmitouflée d'une vie singulière,

 Je vis dans la nuit noire une porte clairsemée de lumière.

Bée ouverte, invitant mon désir des marches palières,

Je vis un mur : une abbaye enrobée de belles meulières !

 

 

Etais-je si gelé que ma vue faiblissait sous le vent glacé ?

Pendant que l'air intempéré figeait les perles de ma sueur,

Je me pris à aimer la nuit, la nuit et mes yeux gelés.

Faut-il marcher des pas pour ouvrir une porte ouverte d'heures !

 

Bien ! D'évidence, je scrutais la porte de lumière,

Toujours bée ouverte dans la nuit de la muraille vieille.

J'avais froid sans avoir froid ! Curieuse sensation d'hier !

Un passant vint de je ne sais où, clamant le riche éveil.

Je vis dans l'épais manteau glacé une ombre ventilée,

Une branche de rosier clamant sa nature d'étincelle

Et encore une fervente colonne de moines flagellés.

Est-ce que l'hiver avait ainsi habité leurs crécelles ?

 

 

Je regardais, ébahi, l'empreinte de mes pas dans le gel,

La porte bée ouverte, la lumière dans le mur de meulières,

Les flocons valsant dans l'air téméraire sur une margelle

Et les moines cagoulés, aux plaies suintant la prière.

Je m'approchai de la porte bée mais étroite de rudesse,

Que moines défirent leurs cagoule, montrant le feu,

Le feu et la rose des regards arpentés par la sagesse,

La sagesse et la douleur des pas allégés, radieux.

 

 

"Pas de perles aux pourceaux, ni de roses à l'âne qui dort !"*1

La porte dévoila un immense voile bleu son pas franchi,

Couvert d'yeux sur ses ailes et d'une trompette d'or.

J'étais invité à gravir la margelle des pas affranchis.

À peine fus-je entré dans le sein de la dame voilée

Que le froid m'assoupit, alourdit mes paupières.

Le monastère montra une tour curieuse et scellée.

Lacunes et désespoir hurlaient derrière les meurtrières.

Deux Lux solis vel laus semper*, aux murs des gelures

Me fit le diligent des ânes en perdition, me hissant haut

Malgré les blessures des moines mariées à mes engelures.

Sept cordes me furent jetées pour nous sortir du chaos.

 

Je me serrai dans ma redingote et mon pull-over,

Laissant ma semelle batifoler avec l'herbe silencieuse

Dans la nuit éclairée d'un clair de lune d'hiver.

L'heure semblait s'être figée à la porte sentencieuse.

Bien ! J'avançais comme on peut dans le froid cinglant,

Les bras cernés d'émois aux vents terribles de la nuit.

C'était comme manquer d'air dans l'air des gels vivifiants.

J'avais franchi la porte claire d'une torche de moine à minuit.

J'aimais l'épaisseur des murs de pierres du monastère.

J'arpentais enfin son cloître, les pas guidés, le gel chaud.

J'avais quitté la tour et la tour me coucha par terre !

Avais-je donc si froid sans que j'eusse froid, ni chaud ?

 

Arpentant inlassablement le cloître fleurant bon la rose,

Je vis quatre voies. Mais laquelle prendre avant d'avoir pensé ?

La première, courte et périlleuse, semblait grandiose

Mais assurément ascétique me fit la refuser à la lumière rosée.

La seconde ne me sembla guère mieux, longue et sans détour,

Terrible de lenteur, sans embûche, sans douleur, sans gel,

Me parut si ennuyeuse qu'il me fallut fuir cette vue de la tour.

Je préférais marcher dans le froid, vers la porte dorée d'appel.

La troisième me parut fort adaptée. Ce fut celle que je choisis.

Arpentable, riche de beautés dans la lumière acquise du gel,

Mes pieds endoloris portés par la caillasse fracturée des vies

Me semblèrent avoir pris le bon chemin, me portant d'ailes.

Quand à la quatrième voie, si dangereuse, tant elle consume,

Ne me sembla pas être de richesse, le corps corruptible.

Les moines dirent qu'il me fallait délivrer la colombe plumes

Pour que plus jamais le corbeau n'attaque sa face sensible,

Ne plus jamais dévier de la voie royale du cloître des roses

Que rosiers fleurissent dans la nature des valeurs d'hiver

L'hiver passé au cou des sentiers insalubres que l'hiver pose.

Ainsi, je fus ravi devant la porte de lumière dans la nuit d'hiver.

Je continuais ma longue promenade au clair de la lune pleine,

Abrité maintenant des murs du monastère au clair du cloître

Et de ses roses, la neige ayant enfin réchauffé mes pieds

Que mes pieds encore se souviennent de leurs pas . Croître !

 

 

Là, une autre porte apparut, terrible, tout en étant gelée

Que mes doigts furent brûlés du gel de l'hiver en partance.

Nous n'avons pas toujours froid au bon moment me dit l'été.

Il peut geler en plein soleil si tu ne gardes pas l'élégance.

 

Bien ! Je veux bien avoir froid si l'hiver donne son fruit.

Je veux bien être aimé des morsures du gel à ma noce

Si le temps acquiesce ma venue à la voie royale de la vie !

Préparez la grande salle et la grande table avec la crosse.

Ne suis-je pas l'élève des princes cultivant la roseraie d'été ?

Cependant, ici, je perçois tant d'erreurs de la pensée

Qu'il me faut me parer de prudence, préparer ma pesée

Et mesurer ce que j'ai souhaité oublier, pour mes rosacées.

 

Qui arrive au cloître des roses dans la lumière adamique?

Qui invite, des promeneurs aux pieds abîmés, au repas ?

Une resplendissante jeune fille sous le son des musiques

Et des trompettes éblouissantes, retentissantes, au trépas

Devenu vie sous le gel envolé des pas faits par milliers !

 

La porte devient chaleur et je marche, je marche des pas,

Je gravis des marches palières, je franchis des murets.

Et des murs géants se dressent devant moi, à lents pas.

Des roses par vases centuplés ornent la grande salle.

Trois groupes de moines se présentent. Je suis avec eux.

J'ai froid. Mes pieds gèlent. Ma sueur perle sur les dalles.

Pas cette pesée ! Indigne ! Tellement indigne d'Elle et d'eux.

 

Qu'ai-je fait de mes vies en mes pas glacés pour oser demander ?

Le froid m'habite toujours et ma redingote ne me réchauffe plus !

Mes engelures suintent l'irrévérence et je suis là à espérer !

Je ne mérite pas d'être pesé les poids d'or aux plateaux si durs !

Six sentences ! Et Elle, dans la lumière si belle !

Six anecdotes , tant d'énigmes et si peu de réponse !

Si peu méritant ! Tellement indigne dans cet appel !

Elle me dit de venir et je vais vers les roses ,leurs ronces,

Le visage baissé, la figure suppliante à ses demandes.

 

 

Là, je m'arrête, indigne, les pas griffés par le froid.

Le cœur porteur de chaleur, j'ai vu la porte, la tour,

Les oiseaux noirs terrassés par les colombes des bois.

Je marche dans la nuit des forêts ourlées d'étoiles secours

Que le clair de lune enlumine d'or à sa robe garance,

Sa couronne de laurier et ses lumières de jour suspendues.

Allongée dans l'herbe immaculée, je vais dans le silence,

Le sourire allongé aux froids de l'hiver, printemps devenu.

 

*Dieu lumière du soleil,  

*1 CRC

 

La beauté de mon minuit

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Berthe Morisot 

https://wsimag.com/fr/art/48320-berthe-morisot

 

Je voudrais être un rameau d'olivier fleuri

Pour épanouir vos jardins, bénir vos fronts,

Être le chant de l'aurore, après l'aube cueillie,

Pour être votre espérance, votre forgeron.

 

J'aimerais me lever au matin, le cœur gai,

De vous savoir sereins après les tempêtes ;

Être assurée que vous aimez la roseraie,

Blottis dans les roses bleues des clochettes.

 

Je pourrais vous dire que mon carême

Est une tempérance pour vos heures,

Être la main pour rayonner d'un chrême

Quand le feu s'éteint après le malheur.

 

Je rêverais d'être le dos vous portant,

Comme celui de l'âne, un jour de fête,

Vous dire tout cet amour me berçant,

Sur le versant embelli des défaites.

 

Je voudrais porter vos lourds fardeaux,

À ne plus pouvoir trouver le sommeil

Quand vos lèvres taisent le credo,

Et que vos yeux cherchent le courage du soleil.

 

J'aimerais tant être le voile, après le matin,

Pour vous offrir la beauté de mon minuit ;

Et vous offrir le panier des fruits et du thym,

Que j'ai ramassé, éreintée, avec le buis.

 

J'inventerai pour vos regards l'iris jaune,

Dansant dans vos pupilles bleues-azur ;

Et d'une simple virgule, établir vos trônes

Sur un parchemin éclos d'une reliure.

 

Je voudrais, lors mon dernier repas, sceller nos sceaux,

Et les offrir à l'Orient dans une seule flamme ;

Puiser à la force de la vie sous le boisseau,

Et vous irriguer de pluie pour vous semer d'âmes.

 

Puis, porter dans les mains pascales au printemps,

Le nectar éclairant nos futurs resplendissants ;

Demeurer l'Amour vu un soir d'hiver pour Nathan,

Les bras ouverts comme un arbre éblouissant.

 

Quand recueillant le rameau chargé de fruits

Que vous aurez laissés tomber sur un  sol fécond,

Je serai là, toujours, comme en cette vie,

À orner vos cœurs d'étincelles pour les éons.

 

Le feu de la forge

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https://www.alamyimages.fr/photos-images/splendor-solis.html

 

Sur la rive du Léthé, là où brillent les étoiles, je vais sereinement.

Là, où frémit l'air, bordé d'un grand lys blanc, je vis.

Là, où du terrestre plus rien n'a d'importance, fleurit le firmament.

Chacun, jusqu'aux abois des vœux endormis, entend la treille de la vie.

 

Plus de siècles en mon âme que mille ans n'en peut compter

Ne trouve autant de joie que dans l'éther j'ai cueillie ;.

Aux vents qui ont embrassé mes gestes, aux trêves procréées,

Murmure le bruissement des feuilles des natures accueillies.

 

Il n'y a pas d'ombre, point de ténèbres, là, où je vais, tranquille.

C'est que la peur du Horla a su enfin quitter la terrestre aventure,

Pour que de printemps en plein hiver, mille vies indélébiles,

Transforment l'airain en or au feu des alchimistes : souffre et sulfure.

 

Sur l'eau, au pied de la forge, que combat la vouivre,

Crépite une vie au fil des perles enlacées au métier du tisserand.

J'ai coupé, là, les têtes de l'hydre, aux jours liée et aux nuits, ivre.

Du petit feu vers le grand brasier, d'une pépite j'ai éclaté le varan.

 

Là, sur l'onde paisible des jours qui, enfin, coulent sur les rives,

Sans qu'errent Ondines, ni ne flottent leurs belles chevelures,

Les grands Ents, au bleu des veines, plient genou et s'élèvent d'ogives,

Quand sur la rive du Léthé, au loin, un pêcheur lève la voilure.

 

Là, où brille la lumière du soleil au bel accueil, l'esprit attend.

Là, où le soupir enfin meurt, le mouvement cueille les actes.

Liberté ! Ô ! sage harmonie du tressaillement qu'engendre le vent,

De mille vies sans terrestres abandons, aux cieux abandonnée !

 

Le grand lys blanc et doré pare la rose des jours abreuvés,

Quand, au grand fleuve des heures achevées, le bel envol naît.

Aux colliers des perles de nacre se lie le fil d'argent des pépites dorées

Que la catharsis à la grande forge consumme d'heures aux feus oeillets.

 

Ainsi en est-il quand le Léthé vient surprendre notre chapelet,

Qu'avec joie nous égrenons, parce qu'il est bien d'égrener sa vie.

Ainsi en est-il à mon soir sous le soleil de l'espérance du ruisselet,

Quand au beau partir, la vie fait signe que l'heure est venue en lavis.

 

Le vieillard qui, d'une main tient une urne offerte au rouge-gorge,

Et de l'autre montre la coupe de l'oubli, soulève le voile enfin,

Et dis : «  Qu'as-tu fait de ta vie ? ». Alors germe le feu de la forge

Que les étoiles ramassent pour briller de mille éclats, enfin !

 

De soie blanche tissée

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Fragment du tableau de Michel Ange " la création du monde"

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel-Ange

 

Aux pas marchés sur la terre de mes aïeux,

Je proclamerai demain mon adieu,

À mes ailes invisibles, aux sillons imparfaits,

Aux vœux énoncés si souvent défaits,

Aux rêves d'adieux, je dirai au-revoir.

Aux rêves du partir, je montrerai le ciboire.

À la vérité éclatante des initiations de verdure,

Aux pieds endoloris plein de blessures,

Aux cœurs des défaites riches de morsures,

Je prononcerai la parole des tristes gerçures.

 

Sera-t-il plus grande joie que d'être bruyère

Dans l'absolue reconnaissance de la lumière

Quand attendra la corbeille des offrandes,

Quand m'attendra le silence de l'Irlande ?

 

Le temps est venu m'a murmuré la nuit.

La mort vient m'a dit la blanche brebis.

 

Lorsque je marcherai parmi les étoiles, dévoilé,

Ayant vu les anges de leurs rayons venir me chercher,

Recueillis, les mains jointes, les yeux nus,

Qu'aucune ombre ne ternira, leurs habits vus,

Semblables à de la soie , qu'aucun homme ne peut tisser,

Je verrai, de tous, l'aura de soleil,

Portant tour à tour, les armes du supplice,

Et aussi les brassées de fleurs, libres du sacrifice.

 

Trois sont allés majestueux devant ma face,

Grands comme peut être l'immense espace,

Épousés d'éclats d'étoiles natives si purs,

Que le temps n'aura pas ombré ma voilure !

 

Trois viennent  éloquents en mon plein jour

Recueillant de mes pardons, l'amour,

Ornant la barque des adieux de mes accords

Et à l'oraison du dernier vœu, seront à son bord.

 

Quand je vis leurs robes si chaleureuses,

Jaune, rouge et bleu, écrins de brodeuses,

Encore je les vois se penchant sur moi, assurés de mon retour,

Paré de mes plus beaux atours !

 

Quand je verrai ma mémoire terrestre

Des trois qui ont orné mes jours alpestres,

Je verrai leurs voiles, la paix engrangée.

Sur mes matins à mon  soleil vendangé.

 

Bercé par tant d'aurores aux lunes si pleines

Qui, m'enseignèrent l'espérance Pauléenne,

Je reverrai le labeur des joies offertes,

La gratitude à leur reconnaissance ouverte,

Aux âmes souffrantes apaisées, adorées, vénérées,

Apaisées, aimées, pour leurs ailes réverbérées.

 

Je me demanderai de quel mérite ils diront

La grande trouée des ténèbres franchis par Hypérion.

 

Qui s'est lassé de tes étoiles ? écriront-ils, sans censure.

En lettres d'or sur les destinées sans réelles meurtrissures.

Sur les mains et les pieds baignés par tes blessures

Ils inscriront les pensées de leurs fissures !

De tes étoiles, nous prendrons celles qui nous ont honorés

Si tu veux toujours tisser la soie de la bonté !

 

Autant que la vie t'aura meurtri, nous t'aimerons.

En tes jours pareils à nos créations, nous te recevrons.

Ne laisseras-tu jamais tes étoiles se ternirent en l'esprit

Quand aux sombres dédales, tu partiras le cœur en vie,

Si plein de nos mémoires aux jours et lunaisons.

Qui ont créé en nos esprits la plus belle étoile, ta guérison ?

 

Le temps est venu m'a murmuré la nuit.

La mort vient m'a dit la blanche brebis.

 

Il est des âmes légères comme des vents passants,

Ne laissant aucune trace sur terre aux pas menaçants,

Muettes comme pourraient être les lèvres des abîmes,

Jumelles aux promesses sublimes que rien n'anime.

 

Avons-nous admiré les mots, la beauté des sons,

La musique des paroles qu'encore nous berçons,

Que sous le poids des failles mensongères

Nous aurons vu plus de douleurs que la vie n'en gère.

 

Chaque jour, aurons-nous béni tant de tristes départs,

Aimé mille instants de désolation, qu'avec toi, tard,

Dans la nuit, les cœurs accrochés à tes lèvres de plume,

Nous aurons tendu les mains vers la lumière.

 

Pour d'ultimes au revoir, sans goût des nobles prières,

Nous aurons vu et entendu tant de nobles souffrances,

Chaque jour levées aux aurores après tes nuits de tolérance

Que décrire la souffrance comme une promesse d'avenir

Serait si peu dire que nous voyons tes expériences jaillir.

 

Qui frappent les humains de bonne volonté

Aura à souffrir de mille morts dans l'inertie confrontée.

 

Le temps est venu m'a murmuré la nuit.

La mort vient m'a dit la blanche brebis.

 

Je n'ai rien demandé, ni gloire, ni voulu d'affreuse rancune,

Ni l'amour des autres, ni reconnaissance aucune,

Rien de ce que les hommes veulent, tellement gourmands

D'être un nom, un titre, tout de ce qu'Il, point, n'attend.

À tant attendre, on se fourvoie l'âme, pis encore, l'esprit !

Pis encore, l'esprit se ternit, affaibli de tant de mépris

À attendre la gloire d'hommes que nous n'avons pas choisis !

 

Je n'ai rien demandé, ni attendu, ni espéré, ni quémandé, je vis.

Des hommes, je n'ai rien voulu des faux sermons avortés,

Moins de leurs belliqueuses courtes-vues aux rêves saccagés !

Quand attaquée de charité donnée aux affres des journées,

Les larmes d'abondance versées, je n'ai, rien, pensé.

Pour cette seule vérité, j'ai vécu le cœur des béatitudes,

Du haut des Temples me servant, assurée de servitude !

 

J'aimais, j'aimerai tant et plus d'heures émouvantes

Les vents, les soleils levants, la nature vivante,

Les océans me portant aux rivages des plaies suintantes

Qu'en ma vie je donnerai la gloire et sa couronne savante

Pour ne jamais être à la gloire le parjure de ma foi ;

Ne jamais être la trahison des robes vues pointées du doigt !

 

Si des salutations à mon dernier jour qui advient, bel,

J'entendais compliments , les pieds tournés vers l'autel,

Recevant le baiser des adieux sans les avoir jamais reçus,

Un grand souffle se verra sur les colonnes tremblantes nues

Que mes anges agiteront de leur verbe tranchant

En écho aux trompettes chantantes, le Verbe approchant.

 

Enfin, je n'entendrai plus les hurlements criés sans son,

Ni ne verrai plus les déguisements d'hommes voraçons,

Aux mots si pervers qu'ils ont sali l'âme du soleil,

L'âme de la terre en mon cœur souffrant sa treille.

 

Je voudrais, à cette heure, des roses et des lys par milliers

Les lancer sur les cathédrales et leurs clochers hospitaliers

Pour qu'un seul pétale vienne sonner une unique cloche,

Sans que main d'homme n'ai joué la musique des croches.

À mon retour en Ciel fervent, habillée de soie blanche tissée,

Je penserai le souvenir de la terre à mes roses de joie mariée.

Chaque fois que j'ai aimé les départs comme acte de vie

En la vie la servant, la blouse blanche en offrande,

Je reverrai le cœur, à mes lèvres, dessiné dans mes mains.

 

Le temps est venu m'a murmuré la nuit.

La mort vient m'a dit la blanche brebis.

 

Je n'ai rien été car ainsi devait être la demande ;

Je n'ai été que le geste des vies qui quémandent.

Le temps est venu m'a murmuré la nuit.

La mort vient m'a dit la blanche brebis.

Les colombes ont tournoyé autour de mon ciel

Me révérant près des robes, bleue, jaune et rouge,

À la mienne tissée de soie blanche

Dans la nuit des voilures blanches.


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 Michel Pépé - Les Yeux de l'Ange

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