Je vous demande pardon de n’avoir jamais menti,
Je sais, ce fut difficile pour vous,
je n’ai pas su vous gratter dans le sens que vous attendiez,
vous offrir des compliments mensongers, ni su flatter votre orgueil.
Je vous demande pardon d’avoir été toujours honnête.
Je vous demande pardon d’avoir été moi-même,
sans fausseté, avec beaucoup de morale
que vous n’avez pas pu supporter.
Je vous demande pardon d’avoir aimé,
vous et les autres, les fleurs et les animaux,
les cailloux aussi si chers à mon regard.
Je vous demande pardon d’avoir aimé,
ni trop peu, ni passionnément, je n’ai pas su,
juste aimer est ma vérité.
Heureux êtes-vous de ne pas voir la Divinité
car que supporteriez-vous de Son Amour si vous le perceviez ?
Lui diriez-vous qu’elle est envahissante ?
Je vous demande pardon d’aimer, vous et les autres.
Je vous demande pardon de n’avoir jamais épousé l’hypocrisie,
fière d’avoir été de la franchise le drapeau,
l’étendard aussi, la devise et le chemin,
quand bien même, vous ne l’avez pas supporté,
mais je ne vous demande pas pardon
d’avoir été et d’avoir manifesté la morale.
Je vous demande pardon d’avoir été la patience,
le silence aussi quand vous criiez, vous mentiez,
préfériez le mensonge, la haine et le mal.
Puis de partir quand la haine si forte pose un obstacle
que vous aimez voir et vous servir, mais pas moi.
Je vous demande pardon de n’avoir jamais volé
ni autrui, ni le monde, ni l’humanité ;
d’avoir aimé les autres et vous, plus que moi-même,
de ne pas m’être vue pour tous vous voir
et aussi vous guérir dans la majesté de la morale,
de la pitié, de la compassion, de l’amour,
qui ont rendu mes os transparents
et mon cœur enrichi à Son calice.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Louis_Welden_Hawkins_(6).jpg
"Le voile" de Louis Welden Hawkins, 1890
Le silence va tranquille,
fertile de prudence,
sans œuvrer de bruit
car point, il n’aime l’éclat.
Mesuré, il va à pas lents,
et encore d’une certitude,
estimant le chemin
en sa longueur.
Il va confiant, sûr de lui,
riche de son ascétisme
qu’il offre au temps,
ami de sa mesure.
Jaillit la pudeur de son être ;
et en sa tempérance
qu’il estime,
est une valeur.
Point, il ne connaît le cri,
guère plus la colère,
laissant penser la vie,
connaissant leur ruine.
Il mène sa barque
sur des flots constants,
sans vagues,
sans peur intérieure.
Est-il une force
qu’il ne se hâte jamais,
afin de ne pas blesser de mots
sans gouvernail.
Il est l’ami de la Parole,
et sans rien dire,
fait du Verbe son confident,
car le Verbe n’est pas vêtu de boue.
Mouvement sans abordage,
il n’avance d’aucun élan
que les excitations ternissent,
en prenant le temps d’être.
Pendant qu’il pense,
réfléchit et médite,
il avance sans sarcasmes,
sans marasme.
Noble sans fierté,
noble sans être d’injures,
il est l’allié de la patience,
quand il devine l’urgence.
Le bruit l’affirme outrage,
querelle et discorde,
ne voyant pas son jardin
que les fleurs témoignent.
Irrite-t-il le scandale,
car il ne veut rien dire,
qu’il laisse au vent le tumulte
impétueux et infernal.
Jamais une rose ne le dédaigne
ni un diamant ne le méprise,
aimant du silence sa Nature
que le Verbe au Cénacle a béni.
Le silence est un temple,
un monastère de prières,
que nul ne peut rompre
d’un ton violent.
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Quand se rétablit le matin
après la lenteur de la nuit,
que son repos nappe le buis,
la paix s’établit en nos seins.
Son épais silence est une onde
que le murmure prophétie,
s’inclinant vers son eurythmie
aux désinvoltures qu’il sonde.
Il est doux comme le velours,
léger comme la soie tissée,
comparable à la voie lactée,
en son lys blanc venu du jour.
Naissant de loin et de lui-même,
il est le son que cœur entend
quand la paix habite le vent
pour nos esprits ravis qui l’aiment.
En son silence, je m’éveille
répondant à sa mélodie
que seul le cœur plein d’harmonie
développe lors de nos veilles.
Témoignant de son bel abri,
Il invite au recueillement,
nos ailes l’aimant tel l’amant
venu caresser nos habits.
Tableau acrylique Béatrice Lukomski-Joly
C'était hier ; et demain est venu au présent,
Racontant son histoire pour un passé vivant ;
Rien n'a vieilli ; tout est là ; tout se mêle ; les ans,
Les siècles, nos vies, tous ces pas nous reliant !
Partie, la vie revient, son sac lourd d'offrandes ;
Une voix ; la joie ; se retrouver ; rien n'a vieilli.
Un enfant, un navire, un poème, une pluie,
Tout avance ! Ma mémoire révèle l'amande..
Les douleurs s'amenuisent ; les plaies se défont,
Mon cœur est allé fendre la nuit ; c'est vendredi.
Vénus chuchote : en ce jour où si peu pense, je te le dis,
Vois la volonté des enfers qui meurent. Prions !
Mon cœur a fendu la nuit ; la nuit parle et luit.
La lune a brillé ; le soleil attend son heure.
Mon dos plie sous la charge ; je pleure.
Il me dit : viens ! Suis-moi ! dès aujourd’hui !
Je prends demain dans mille étoiles se levant ;
C'est vendredi ; vendredi est long ; je meurs.
Avec vous, pour vous, je vais, plié de sueur ;
Je marche ; le bois crisse d'un pas du vent.
Je chute ; j'ai peur ; pas cette heure ! Vois !
Fleurs baignent dans l'éclipse ; le monde est muet.
Ma mère gîte avec moi ; vivre d'un grain de millet !
La vie coule d' abondance neuve. Vois !
Bras en croix, épaules fatiguées, mains percées,
Pieds épousés, je regarde le monde ; entends !
Chacun s'affaire pour mon calice ; Ô, Jean !
Terre devient ; je la foule, les genoux pliés.
Tout se tait ; oiseaux ne chantent plus ; je meurs.
Sept cors vibrent ; sept étoiles disent ma parole ;
Neuf mondes s'ouvrent ; d'ailes nouvelles volent
Cent pauvres hères ; douze devient onze ; demeure !
Lymphe et nectar ! Roses à leurs pétales s'ouvrent ;
Colombe chante dans le tourment ; J'ai soif.
Meurt le vin ! L'eau afflue ; terre me coiffe.
Et dans la main gémit une épine qui me couvre.
Tableau de Daniel Plasschaert
C'est vendredi. Lilas baissent leurs branches.
Source vive descend du tertre douloureux.
Corde se balance au pied des buis malheureux ;
C'est vendredi ; et Terre m'épouse d'une pervenche.
Wagner/Liszt - Feierlicher Marsch zum heiligen Graal aus "Parsifal", S.450 1/2
R. Wagner - Elegy for piano in A flat major
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