Béatrice Lukomski-Joly


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La mort du cygne.

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

tableau : 

Un cygne mort et un paon

 

Jan Weenix (1642-1719) 

https://artuk.org/discover/artworks/a-dead-swan-and-peacock-176442

 

Il a froid, allongé, aux rives des eaux frileuses ;

Si froid ! dans le brouillard qu'arpentent les grèves.

Replié dans son manteau de neige, encore, il rêve,

Aux berges délaissées des pluies houleuses.

 

Le gifle le vent, le plumage transi sous la brume !

A-t-il choisi son vol avec ses frères,

Quand l'eau ruisselante vint à ocrer ses plumes,

Que l'amertume a raconté sa plaie de verre.

 

Il est, là, à souffrir, dans le souvenir, si las !

À sa loyale envergure, il meurt de froid,

Tellement triste que le gel sonne son glas,

Et à ses flancs, terrifie l'engelure de ses plumes.

 

Où sont partis les blancs cygnes, qui, hier, volaient,

Aux cieux tremblants des orages qu'il aime,

Courbés à l'ampleur des tremblements seulets

Que ses envols n'ont point vu d'ailes en requiem.

 

Sombre et taciturne, triste et solitaire, il se couche,

Titubant, les palmes endolories au nid creusé,

Que d'aisance perdue, que de sa grâce, il touche.

Ô ! sa blessure est si vaste, sa tristesse si empesée !

 

Il tente de se relever, toujours croît au chemin,

Le corps endolori, les verges des roseaux l'ont frappé.

Encore tente-t-il de se relever qu'il tombe en Galiléen,

Comme d'une blessure d'abondance aux ailes fripées.

 

A-t-il vu ses beaux cygneaux, devenir cygnes

Que, déjà, il pleure sa progéniture laissée aux turquoises.

Des malignes douleurs offertes aux étoiles, il se signe.

Les ailes larges bées comme deux arbres se croisent.

 

Il pleure à la chute des nuits qui chancellent,

Dans la forge du tombeau de terre qui l'attend.

Eut-il plus grande douleur que celle de l'oiselle

Pleurant, les ailes déployées, à son cercueil blanc ?

 

Je l'ai vu, le beau cygne, transpercé de la lance

Qui, aux fleuves, donna le pouvoir des eaux,

Submergeant la rive ténébreuse à l'éclipse d'alliance

Que son martyr, pourtant, chante sous le rameau.

 

C'est dans le froid blizzard qu'il rend l'âme à Cybèle,

Dans la majesté de l'amour qu'il revêt de brûlures

Que nul n'a vu à la clarté de sa parure en ombelles,

Pourtant adorée d'ailes de cygne à sa robe de bure.

 

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