Ô poète !
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaireillustration : Friedrich von Schiller
Ô poète ! Des muses, laquelle est ton élue ?
De quelle saison, aimes-tu l'abondance des talus ?
Des royaumes, desquels, aimes-tu la plaine ?
Des fleurs, aimes-tu l’œillet ou la marjolaine ?
Qui des montagnes, lèves-tu à l'apogée des cimes ?
Quoi des mers et des océans, habille tes rimes ?
Ô poète ! De quelle semence, as-tu levé la fleur ?
Dis-moi le nombre du temps qui a aimé tes heures ?
De quelle terre, as-tu posé l'encre de tes jours,
Quand fleurissaient d'or les belles-de-jour,
Quand jours, il y eut, quand nuits les a aimés !
Raconte ! Raconte le vent et ses baisers enflammés,
Les frissons des arbres dansants par tous les temps,
Par tous les vents volant vers l'admirable firmament,
Quand des vols d'argent sur les plumages,
Des feuilles des saules et d'ailes d'oiseaux de passage,
Tu écrivais l'espace d'un verdoyant pré, l'espace étoilé !
De quel oiseau, as-tu volé la plume des êtres ailés ?
Ô poète ! Dis-moi l'infini enlacement de ta muse !
Quant à la lumière des bougies, ta pensée tu infuses,
Là, avec rien, une plume, une flamme, presque rien,
Tu écris les louanges que les défilées chantent aériens.
De quel oiseau, as-tu adoré l'envol et le long col ?
De qui, as-tu fredonné le chant des blanches paroles ?
De quelle lumière, as-tu grandi de rayons,
Usant la pointe noire de tes fusains et crayons ?
Dis-moi, ô poète ! Dis-moi ! D'amour ou de pitié,
Ce que fut ton blanc manteau aux lacs des inimitiés,
Que vagues sous l'orage t'a revêtu d'ombres embellies,
Et paré de lumière que l'aura soutient de solennité d'abbaye.
D'hallalis, ô poète, à jamais, tu écriras la lumière
Que poètes enchantent des pensées de ciel, si fiers.
Ô poète ! Des muses, je t'ai levé d'oriflamme;
Et des égéries, je t'ai nourri de prophéties d'âmes.
Dis-moi ! De quel onguent, ai-je oublié le parfum
Qu'encore, je nettoie tes pieds d'encens au défunt !
Ai-je dit toute la musique des sphères au lointain
Qu'encore je chante ton opéra ! Ah ! Moi au palatin !
Là-haut, recueillant des rimes et des architectures,
La beauté des langues célestes que rêve ma tessiture.
Ô poète ! Des muses, laquelle fut ton élue ?
De Léda, assurément, tendue vers le cygne élu !
Poème dédié à Friedrich von Schiller, Johan Goethe et Novalis