Ma mère, ma Dame,
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
Oeuvre personnelle, non libre de droits , pastel sec
J'ai pleuré, ma Dame, quand sourire s'esquive,
Et que je vous ai vue triste comme un nuage gris ;
Quand déversant sa pluie sur mon épaule naïve,
Vous me prîtes à témoin de votre amour aigri.
Vous m'avez attendrie, ma Dame, près de l'ogive,
Quand de vos espoirs plus aucun ne vit,
Et que votre logis a été visité, façon hâtive,
Découvrant à votre insu vos traits vieillis.
Je vous ai montré la vérité proche du viaduc,
Ma Dame, terrifiée qu'une venue soit impromptue ;
Et qu'à votre insu a piqué votre petit duc
Laissant l'anse fracassée d'un bol inattendu.
J'ai souffert pour vous, ma Dame, quand vos yeux,
Si lourds, se sont assombris, effondrés,
Portant dans la mémoire des jours vieux
L'enfant aimant vous faire croire déjà cendrée.
Si votre froid surprend l'indécence folle,
Je répète à l'infini que je suis là, avec vous,
Et si ce n'est pas moi l'attendue auréole,
Je suis la gomme de vos peines, pour vous.
Quand je vois votre peur hanter votre gîte foulé,
Pour une clef blessant votre porte transie,
« Qui a osé ? », je vois les pas dans l'allée,
Pour quelques miettes de terre sur le pavé moisi.
Vous, ma Dame, tant blessée, l'attente trahie,
Que même dés-aimée, je suis importante,
Les années mortes ne sont plus qu'un abri,
Et je suis là, toujours là, pour vous, grelottante.
Ne supportant pas vos larmes, malgré le passé,
Mon amour pour vous, ma Dame, habite votre ciel,
Et le mien illumine le vôtre, peut-être, mamé !
Votre main dans la mienne pour votre arc-en-ciel !
Rient-ils de votre désarroi que j'en suis déchirée,
Eux vous espérant ailleurs avant l'heure, avant l'été,
Que je ne suis pas de ces trahisons, désespérée,
De vous voir, ma Dame, traîner la tombe espérée.