Les nuits-temples
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
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Il est des nuits-temple si majestueuses,
que nos prunelles étreignent, heureuses,
de mille feux scintillants nous enlaçant.
Tant de lumière et d’aurores nous berçant !
Nos yeux, telles des perles, voient du jour l’éclat.
Tous êtres animés de vie parlent de l’Alpha.
La terre, le ciel, ciselés par l’Oméga,
disent Ses fleurs avec la Reine-Rose et l’acacia.
Cent chapelets de Gnomes tirent de la Terre
la transparence du soleil venu vers Déméter.
Leurs mains enlacées nimbent l’amour-chapelle
qu’aux reines des fées, ils adorent de leurs ailes.
Se joignent à eux dans cette soudaine grâce,
Korrigans, Sylphes et Ondines, sur l’Atlas,
d’harmonie svelte, de roses vêtues d’abeilles,
si parfumées de miel qu’en chante* la treille.
Nous voyons se lever dans la tunique de l’air
les corolles encore nues de leurs pétales
qu’au bleu firmament de leur éternité,
elles clament d’innocence et de virginité.
Tout esprit tremble de joie en ces nuits-temple,
en haut, en bas, de l’est à l’ouest, ensemble,
unis, tous serviteurs de l’homme, du nord au sud,
dansant l’aube que nul n’entend des multitudes.
D’un élan d’allégresse fleurie dans l’azur indigo,
proclamant le printemps au cœur du gel des ruisseaux,
ils adorent la voix des psaumes de tout temps
qui ont retenti des millénaires, durant.
Les voyants lanterner d’ardeur solaire,
aimer les volutes de la vie comme Il les aime,
eux à Son service, éclatants d’Évangile, de passion,
d’abondance, d’apocalypse, bruissent l’adoration.
Résidant en mon âme complice de leur destin,
je les aime de tant de beauté qu’ils portent mes matins,
baptisant mon front de grêle en leur souffle puissant,
de pluie, de chaleur douce, de neige, dans le vent.
Les sentez-vous silencieux en vos demeures,
qu’elles soient de pierres en vos églises d’heures ;
les voyez-vous se réjouir en ces Nuits, cette Naissance,
qui est la leur, aussi, que hères oublient de leurs sens ?
Voyez-vous la rosée scintiller en leur alliance,
qui, au point du jour, bénit leurs Êtres qu’elle fiance
à toutes reines nées de Dryades et de Naïades dignes,
là, si proches, nous enveloppant de leur mantille ?
Les croyons-nous éphémères et impuissantes,
que leurs gestes touchent nos âmes naissantes.
Quand nous les oublions, ils nous baignent de messes,
encore et encore, qu’ils manifestent de tristesse.
Ô, mille règnes oubliés au labeur assidu et fidèle,
servant le Roi des rois depuis des siècles avec zèle,
venus nous dire leur féconde présence en nos déités
parmi mille seins gorgés nous allaitant de vérités.
Les croyons-nous de balade solaire un seul jour d’été,
qu’en la Saint-Jean du splendide solstice des blés,
ils nous aveuglent de leurs rayons de les ignorer,
eux, eux, si fiers de travailler en Christ consacré.
* En chante du verbe chanter ou enchante du verbe enchanter : à vous de choisir.