Le silence et le bruit
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
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"Le voile" de Louis Welden Hawkins, 1890
Le silence va tranquille,
fertile de prudence,
sans œuvrer de bruit
car point, il n’aime l’éclat.
Mesuré, il va à pas lents,
et encore d’une certitude,
estimant le chemin
en sa longueur.
Il va confiant, sûr de lui,
riche de son ascétisme
qu’il offre au temps,
ami de sa mesure.
Jaillit la pudeur de son être ;
et en sa tempérance
qu’il estime,
est une valeur.
Point, il ne connaît le cri,
guère plus la colère,
laissant penser la vie,
connaissant leur ruine.
Il mène sa barque
sur des flots constants,
sans vagues,
sans peur intérieure.
Est-il une force
qu’il ne se hâte jamais,
afin de ne pas blesser de mots
sans gouvernail.
Il est l’ami de la Parole,
et sans rien dire,
fait du Verbe son confident,
car le Verbe n’est pas vêtu de boue.
Mouvement sans abordage,
il n’avance d’aucun élan
que les excitations ternissent,
en prenant le temps d’être.
Pendant qu’il pense,
réfléchit et médite,
il avance sans sarcasmes,
sans marasme.
Noble sans fierté,
noble sans être d’injures,
il est l’allié de la patience,
quand il devine l’urgence.
Le bruit l’affirme outrage,
querelle et discorde,
ne voyant pas son jardin
que les fleurs témoignent.
Irrite-t-il le scandale,
car il ne veut rien dire,
qu’il laisse au vent le tumulte
impétueux et infernal.
Jamais une rose ne le dédaigne
ni un diamant ne le méprise,
aimant du silence sa Nature
que le Verbe au Cénacle a béni.
Le silence est un temple,
un monastère de prières,
que nul ne peut rompre
d’un ton violent.