La corbeille des jours de givre
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
illustration corbeille de fruit issue du site https://www.wga.hu/frames-e.html?/html/m/master/acquavel/stillife.html
Peintre anonyme du 17 ième siècle
Oh passant ! regarde ce diamant qu'est le monde !
Ne le vois-tu luire de cent traits, sinon de mille,
Toutes ces nuances sculptées par les secondes,
Que peut-être tu ne vois, l’œil muet et tranquille.
Oh ! vois son feu intérieur brûler de joie
Quand t'éclaire l'été, assis dans ton jardin,
Que fleurs dessinent de son cœur d'autrefois,
Pour qu'adorer sa terre soit un fier vœu ondin.
L'été consume son hiver, crée son décembre.
Vois ses mains travailler le fruit incarnat
Et planter sa rose de Noël rosée d'ambre
Aux jours denses oeuvrés de tons délicats !
Oh passant ! regarde les verts devenir feux
Quand il prépare en août brûlant ses courtes nuits
Pour que se repose l'hirondelle en son lieu ;
L'as-tu abreuvée de tes couleurs à minuit ?
Tout s'irradie de l'abondance du soleil proche
Quand bien même il est loin, si éloigné de toi,
Oh passant ! as-tu entendu le chant de ses cloches
Préparant les nuits du nombre de douze pour toi ?
Perçois-tu l'écrit de l'été, et sa toile vive
Quand il dépose son vase plein de vivres
Pour la multitude des jours flânés de convives
T'apportant la corbeille d'or des jours de givre ?
C'est la noce avant l'heure, l'heureux mariage
Des saisons dansant leur ballet toute l'année ;
C'est le rythme des étoiles, astrant* leurs mages,
Lors le bal achevé, s'ouvre la graine glanée.
* mot personnel, licence poétique signifiant « créer à partir des astres »