L'ombre du vieux chêne
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentairePhoto personnelle de 1977 - Provins - non libre de droit
Sous l'ombre du vieux chêne,
Qu'amitié cueille d'élans clairs,
J'ai vu un grand loup solitaire
Qui en son vert palais, peine.
Proche du grand arbre sombre,
Qu'effarouchée brebis accueille,
Et en sa blanche toison recueille,
J'ai détrôné un grand saule d'ombre.
C'est d'élans clairs que j'envie
La lumière clamant sa gloire,
Quand d'ombres je regrette
Le temps qui a enseveli la vie.
D'amertume triste, le chêne me dit
Qu'en son être, abri je trouverai,
Et que par les fossoyeurs affligés,
Je boirai le vin du pauvre jusqu'à la lie.
Jours pour tant de rimes cueillies,
Tant d'heures de nuit sans sommeil,
Pour aimer un peu la brebis qui veille,
Que je navigue sous la pluie.
Près de l'ombre du vieux torrent
Qui mouille mes pieds fragiles,
C'est de l'onde des vagues graciles
Qu'amour apporte son aile dans le vent.
Ai-je longtemps habité vastes plaines,
Escaladé remparts et murailles bleues,
Plané d'ailes légères sur les adieux
Que j'entends flûte jouer ses cantilènes.
Sous l'ombre de mon vieil arbre,
Que les ans ont aimé et aussi terrifié,
D'averses sans répit et de cris larmoyés,
Je m'assieds, aimant déjà mon marbre.
Je dirai que de liesse dans la sueur,
J'ai cru au chemin des valeurs
Et qu'en ma solitude de souffre-douleur,
J'ai creusé le tombeau des laideurs.