Béatrice Lukomski-Joly


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Humble poème profane

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Où vas-tu mon bien-aimé,

Si loin de la douceur de mes mains

Que mon cœur questionne de matins

 

De printemps et d'hivers,

De noix et de miel

À nos palais de douceurs enrobés ?

 

Où vas-tu mon très tendre

À préférer l'isolement

Observant les lierres des mères

Sans me couronner d'étoiles,

Me laissant deviner tes âmes

Sans les porter nues de demandes ?

 

Où vis-tu mon bien aimé

Que je ne n'entende plus rien

De tes lèvres qui ont tu ton sentiment,

Niché au faîte de ton grenier,

La mansarde sombre de mes nuits,

De mes nuits aux soins des indigents ?

 

Où penses-tu mon adoré

Que je n'entende plus tes secrets

Ni tes désirs, face aux frontières

Qui nous séparent d'invisible,

Des souvenirs du beau village ?

Tout ce silence !

Dis-moi !

Fait-il chaud en ton cœur ?

Est ce que tes veines palpitent un peu

Sous les images de mes venues

Et aux tiennes à jamais éteintes.

Est-ce que je te manque un peu ?

 

Déjà trois mois que mes rues

Tu n'épouses plus ,

Silencieuses de leurs émois,

Aux rives de l'Yonne

Qui arpentent les plaies de ma terre

Et aux palais des rires, notre joie.

 

Dis-moi !

Ai-je une vie en nos étoiles

Qui semblent faire l'aumône

À mes appels muets,

Si loin de tes bleuets,

Pour des bleus à mon âme

De tant de silence ?

 

Raconte-moi !

Tu as bien l'esprit ancré

Aux jardinets des jacinthes partagées,

Amoureux de ta seule gloire

Qui ne rêve pas de partages

Que je ne peux cultiver bellement !

Dis-moi !

Tu n'as pas froid, ni faim ?

Seulement me dire cela !

Rien que cela !

As-tu chaud ? Faim ? Soif ?

Que je t'apporte les trois sur un plateau .

 

Où vis-tu d'espérance

Si encore je t'habille de reflets,

Un tout petit peu,

D'ondoiements

Et d'ondulations

Et de parfums ?

 

Je voudrais vivre

La même histoire, sans triste chanson,

Sans désespérance

De tant de solitude

De tant de silence

Sans l'oraison des chastes vestales.

 

Je croyais tellement,

Non, je ne croyais rien !

Qui des faiblesses

Et des éloignements

Nourriraient l'attente,

Ma candeur à toujours croire !

 

http://beatrice-lukomski-joly.copyright01.com/

Joseph Haydn  Symphony No. 45 in F-sharp minor "Farewell" 

Un soir fait de vieux matins

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Tableau de Louis Janmot

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Janmot

 

Par un soir fait de vieux matins,

Je m'en suis allée me promener

Parmi les arbres et les blés,

Le long de la rivière aux cent reflets des jours passés.

 

Avais-je pensé que mouvement de l'eau était fait de rides

D'elle, qui a vieilli sans que jamais je ne m'en aperçoive ?

Elle, qui de ses gestes a usé mes pensées !

 

L'ai-je seulement vraiment vue passer,

Abritée sous mes paupières meurtries,

Et encore tenue par le souffle de l'espoir

Qu'encore me porte la vie ?

L'ai-je seulement vue dans l'ombre de sa mémoire

Qui se dit peu ?

 

Je m'en suis allée me promener,

Dans l'air de rien, sous les vents étales,

Semblables, si semblables aux marées

Des eaux qui affluent et refluent.

Elle qui a tant de mémoire

Que je m'en souviens, Ô ma mère !

 

J'ai des souvenirs plus que le monde n'en contient,

Avec  elle, n'en convient,

J'ai des voyages troués de voix multiples

Que l'alizé ramène au gré des images

Et encore des tableaux noircis d'encre de chine

Aux reflets argent.

 

Dans l'ombre des lieux sans fenêtres,

Des soleils absents au firmament des émois,

Que ne l'ai-je vue dessiner ses sanguines

Qui ont esquissé nos avenirs

Et encore les mots écrits qui n'ont de saveur

Qu'en nos cœurs blessés.

 

Que raconter de la conscience

Qui vendange et se met à hurler

Alors que le geste se raréfie

En la vieillesse qui la réclame ?

" L'as-tu seulement vue passer ?

L'as-tu seulement vue aimer ?

 

As-tu cueilli mes brassées de fleurs ?

As-tu séparé du bouquet l'ivraie de mes actes bons ?

As-tu séparé de la boue, les amours vrais ?

As-tu seulement vécu en elle comme un fleuve né de sa source ?

 

"Tais-toi conscience !"  crie la mémoire du temps.

Le soleil qui l'attend, les rayons en offrande,

L'auréolant parfois ;

" Tais-toi conscience !"

Dit le manque à l'orée des partances.

 

Et la conscience s'amuse avec un juste rien

Qui chatouille l'inconfort,

Refusant de se taire,

Se laissant seule faire,

Moissonner l'incommensurable pas de géant .

 

" Comment ? Tu me laisses ! "

Et moi, et moi ! Comment te laisserai-je ?

Partiras-tu avec ce baluchon fait de drames

Qui n'ont pas eu le temps de faire appel

Dans cet au-secours géant que je crie ? "

 

Regarde le temps qui coule en les vagues

Abritant nos déconvenues !

Ne t'ai-je point vue que c'est moi qui semble mourir !

Il me semblait que c'était toi la créatrice d'adieux !

 

Alors !

Par un soir fait de vieux matins,

Je m'en suis allée me promener

Parmi les arbres et les blés,

Le long de la rivière aux cent reflets des jours passés

Pour l'aimer,

Rien que l'aimer

Avant qu'elle ne parte.

Moi usée, usée 

D'avoir emboîté ses pas vers la mort !

 

Elle me prend dans ses bras,

Déposant mon corps sur la rive des souvenirs

Qui ont dit leur dernier mot .

Amen.

 

Infirmière

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Tableau de Ramon Casas "Fatiguée"

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ramon_Casas

 

Je n'écrirai pas ce soir ;

Je suis si fatiguée à déchoir,

Je n'écrirai pas ce soir ;

Je vois tant de déboires.


Travailler jusqu'à l'usure,

Heure forgées de démesures,

Je n'écrirai pas ces griffures

Que les patients endurent.

 

Je n'écrirai pas ce soir,

Dire quoi, à quoi surseoir ?

À qui, dire la mémoire

Des blouses d'au-revoir ?

 

Rentrer et se dire, stupides,

Que les gens insipides

Ignorent tout des lits vides.

Il, elle, est partie, livides.

 

Je n'écrirai rien de beau,

Rien des tombeaux,

Rien de trop, rien, rien,

Le pathos court galérien.

 

Je n'écrirai rien des douleurs,

Ni des cris que la morphine pleure,

Je n'écrirai rien des départs

Qu'un rein sans eau part.

 

Mon seul cri, s'il en est,

Sera celui du cri du lest

Que malade rend au souffle

À ses dernières pantoufles.

 

Je n'écrirai rien ce soir

Car de quoi se nourrit le noir

Quand le soleil s'éteint,

La vie ensevelie au matin ?

 

Et... soudainement se lève,

Un chant à midi s'élève,

Dans l'éther de la chambre

Qu'emplit l'antichambre.

 

Je ne dirai rien, non !

Je n'écrirai rien, non !

La blancheur de ma blouse

Qu'au soudain rouge-sang épouse !

 

On appelle cela une infirmière

Qu'aux infirmes des lumières

Ils sont d'elles, toutes ces heures !

Priez pour leurs noms sans gloire !

 

Je n'écrirai rien ce soir,

Je suis si lasse de tout voir

Sans que quiconque ne pense

La plaie que l'on panse.

 

Non ! ne dites rien,

Vous passant pour rien,

Ne sachant d'elles rien de rien,

Non ! ne dites rien !

 

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